Fonctions partisanes

Algérie mandat
Quel prétendant pour prendre la destinée du pays en main ? New Press

Par Akram Chorfi – Au sein d’un parti politique, les idées naissent, les doctrines se développent et les idéologies trouvent leurs argumentaires politiques avant d’aller à la rencontre de la société et des jeunes générations pour se donner une légitimité populaire et une assise électorale. C’est cela qui fait de l’activité intra-partisane un vrai bouillon de culture qui fait la part belle à ceux et celles, parmi les militants, qui démontrent leur capacité à produire les idées dynamiques qui répondent aux attentes de la société autant qu’elles donnent du parti l’image d’une organisation moderne qui n’est pas tentée, à défaut de pouvoir se renouveler, par un conservatisme mortifère.

C’est aussi cela qui fait d’un parti, à l’épreuve de ses efforts continuels de se surpasser, une véritable école politique qui donne sur le social, comme le ferait, pour un jeune diplômé, un long stage pratique dans la plus performante des entités économiques.

Quel modèle partisan peut se targuer, dans le contexte qui est le nôtre, d’être structuré de la sorte ?

Quand on ne s’est pas donné les moyens d’inventer le quotidien et de le porter par les idées nouvelles, on cesse d’être un parti politique pour devenir un temple du conservatisme et, au lieu de promouvoir le progrès social, économique et politique, on cultive la démagogie et le populisme comme modes discursifs.

Quand elles s’éloignent de la société, les formations politiques ne peuvent plus porter les aspirations citoyennes et perdent le privilège de défendre les valeurs consensuelles de la nation, car cette perte est le prix à payer de n’être pas en mesure de représenter le présent, ses enjeux et ses défis et de promouvoir les moyens d’un avenir plus prospère et plus digne parmi les autres nations.

Qu’est-ce qu’un parti, sinon le lieu séculier d’articulation possible du politique aux attentes de la nation en substitution au temple d’où fuse, incontestable et figé dans le temps, le discours religieux. Un discours qu’il eût fallu soustraire à la spéculation politique, car faisant partie des valeurs consensuelles que la constance interdit d’exploiter à des fins politiciennes.

Sans fonction sociale, l’activité partisane perd sa vocation dynamique qui la relie aux forces vives. Elle se perd dans les méandres électoralistes ou se fourvoie dans les discours éculés d’un oppositionisme anachronique. Alors, quels partis politiques pour cette Algérie du XXIe siècle ?

A. C.

Comment (6)

    MELLO
    22 novembre 2018 - 21 h 01 min

    L’Algérien à vécu, en l’espace d’une courte periode, une transition politique démocratique, c’était les années 89/90 durant lesquelles , on assistait à des débats ,des conférences et des rencontres d’échanges d’idées politiques. La formation de militants faisait son cours et chacun se plaçait dans un parti politique porteur du programme qui lui convient. L’audio-visuel était là, présent avec ses programmes de diffusion de débats , la société commençait sa mue vers la politique jusque là propiete unique du pouvoir. L’Algérien est ainsi devenu partisan, non pas pour son parti , mais pour son pays. La fonction partisane relève d’un caractère patriotique car toutes les idées convergent vers l’avancée du pays. Paradoxalement, le pouvoir à créé un frein à cette dynamique en offrant un choix entre le FLN et le FIS qui venaient d’avoir son agrément, c’est à dire un choix entre la peste et le choléra. Des décennies après, les Algériens sont atteints de ces deux maladies au point de se jeter à la mer au lieu de rester et mourir à petit feu. Aujourd’hui, l’Algérien vomit le politique , dommage car c’est un passage obligé pour sauver cette chère Algérie.

    Zaatar
    21 novembre 2018 - 21 h 08 min

    J’allais ecrire quelque chose, mais j’ai lu que notre cher ami Abou Stroff a tout explique. Donc a quoi bon faire une redondance. Merci l’ami…

    Tin-Hinane
    21 novembre 2018 - 17 h 29 min

    Je suis convaincue que nous devons trouver notre chemin politique, une manière de faire de la politique qui nous soit propre, qui corresponde à ce que nous sommes, à notre histoire, à nos valeurs et à nos aspirations. La démocratie et son système de partis ne nous convient pas. Cette démocratie telle que nous l’avons importée est corrompue à la base. Les partis ont été vidés de leurs substance idéologique et ne sont plus que des véhicules pour tous les opportunistes toutes tendances confondues. La Révolution a porté l’Homme Nouveau, il faut donc réfléchir à un Ordre Nouveau.

    lhadi
    21 novembre 2018 - 12 h 39 min

    La charte du 20 aout 1956 issue du congrès de la Soummam qui fut l’un des moments suprêmes de l’histoire de la révolution mais aussi de l’Algérie, a instauré un principe considéré comme cardinal, à savoir la prééminence du politique sur le militaire.

    L’armée algérienne se doit de se confiner aux seules prérogatives que lui octroie la loi fondamentale de la république issue de cet acte fondateur de la nation.

    Le peuple algérien, dont la raison est bien plus ancienne que celles de Descartes, appelle de ses voeux à l’instauration d’une alternance politique sur la base d’une alternative qui donne sens à l’expression des mécontentements.

    C’est sur la base d’une alternative, donc d’un programme de législature qui répond à des aspirations exprimées par des couches significatives de la population que le consensus doit être fait.

    L’union ne doit pas être un but en soi et servir de marchepied à des combinaisons politiciennes qui sous une étiquette ou une autre, aboutiraient à faire installer un gouvernement de gestion d’intérêts au dépend de l’intérêt général.

    Les erreurs d’hier ne peuvent autoriser, justifier celles d’aujourd’hui.

    L’idée centrale est de changer de comportement pour solder les comptes d’une époque révolue et in fine être mieux armé pour convaincre les masses impatientes de la justesse des étapes à parcourir.

    En politique, il faut tracer des limites claires pour ne plus subir les conventions vidées de leur sens.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected]

    Abou Stroff
    21 novembre 2018 - 9 h 52 min

    contrairement aux spéculations de A. C. qui reposent essentiellement sur la « plaquage » d’un modèle totalement étranger (une formation sociale capitaliste où la bourgeoisie, en tant que classe hégémonique, impose ses valeurs à toutes les autres couches sociales) à la situation concrète algérienne, je pense, avec la modestie qui m’étouffe, que, dans un système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation, le parti est, essentiellement un ramassis d’hurluberlus dont l’objectif essentiel est de « manoeuvrer » pour se rapprocher le plus possible de « centres de distribution » de la rente.
    quant au projet de société de chaque « parti », le seul qui soit à l’ordre du jour est celui qui permettrait à un ensemble de prédateurs de remplacer un autre ensemble de prédateurs.
    moralité de l’histoire: au sein d’un système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation, il n’y a ni citoyens formant une société civile (au sens de Gramsci) et ni de partis représentant des intérêts de classes différenciés. il y a, en caricaturant un petit chwiya, un ensemble de prédateurs (arborant le drapeau « nationaliste » et/ou la drapeau religieux) monopolisant la distribution de la rente (la marabunta), d’une part et un ensemble de tubes digestifs ambulants attendant d’être « sustentés » par les premiers nommés. les tubes digestifs ambulant étant amorphes par nature, la crise ( pendant la décennie dite noire, entre autres) ne transparait que lorsque la distribution de la rente n’apparait pas comme équitable à l’une des composantes de la marabunta .

    Djeha Dz.
    21 novembre 2018 - 8 h 54 min

    Nous ne cessons de vouloir ressembler, si ce n’est qu’un peu, à toutes ces sociétés émancipées ailleurs dans le monde, ou la pratique de la politique a ses principes et règles.
    Pour cela, aurait-il fallu avoir aussi l’esprit et la culture nécessaire pour l’exercice de la politique.

    Or, chez nous, on a cultivé le zaïmisme –Boumédiène- faisant de la légitimité historique ‘’révolutionnaire’’ un fond de commerce et un passe-droit sacré.
    Le FLN de 1962, parti unique, s’est transformé avec le temps en ploutocratie du pouvoir, s’entourant d’organisation de masses –baltaguias-
    Non sans avoir détruit au passage toutes les forces vives et progressistes de la nation.
    90 % des partis politiques que nous connaissons aujourd’hui sont formés par les baltaguias du FLN d’antant.
    les nouvelles idées ce n’est pas pour demain.

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