Appât du gain
Par Bachir Medjahed – C’est bien aux Algériens à développer le pays et non aux étrangers. Mais, malheureusement, ce n’est pas une préoccupation partagée par tous les hommes d’affaires, en témoignent les centaines de millions d’euros qui ont quitté le territoire par le fait d’Algériens, ceux qui sont censés travailler pour le pays d’abord, au moins sans voler celui-ci. Nous ne sommes pas, bien sûr, dans la situation des pays qui ont créé de la richesse et qui exportent car ils sont relativement bien avancés dans le domaine de la technologie et donc du développement.
Dès lors qu’on avait cassé le monopole sur le marché extérieur pour transférer cette mission étatique aux entreprises privées, ce qui revient à dire que les moyens financiers en devises sont mis à la disposition d’hommes d’affaires, on n’avait fait que transférer l’appât du gain facile et choisi qui sera rendu riche en lui octroyant les autorisations d’importation. Un tel gain facile et sans risque pour les importateurs ne peut qu’irriter ceux qui veulent investir dans la production nationale.
Quelqu’un disait qu’«il n’est pas celui qui promet de partager ce qui n’est pas produit». Il avait pourtant distribué du pouvoir d’achat avant de commencer à produire, pensant qu’ainsi cette masse d’argent aux mains des ménages allait financer les plans de charge des entreprises et permettre alors la relance de l’économie par la relance des entreprises. Mais cette distribution de pouvoir d’achat a financé surtout les plans de charge des entreprises étrangères, relançant ainsi les économies des pays de nos fournisseurs. Moins cinq – comme on a l’habitude de le dire – et on aurait vu les populations des pays fournisseurs manifester pour que nos gouvernants distribuent encore du pouvoir d’achat pour fournir des plans de charge à leurs entreprises et non aux nôtres.
Alors ? Pour ce qui nous concerne, certes, la question peut se poser de savoir pourquoi il ne serait pas possible de doper nos exportations à l’étranger alors qu’en réalité, c’est une autre question qui s’impose, à savoir, qui devrait fournir des plans de charge à nos entreprises et à orienter cette augmentation du pouvoir d’achat vers nos entreprises ? Peut-être que celles-ci sont déjà battues par la concurrence internationale. Mais, alors, pourquoi ne pas s’intéresser aux zones de forte croissance et pourquoi y a-t-il tant d’entreprises d’importation et pas assez d’entreprises d’exportation ? Serait-ce parce qu’il n’y a pas eu assez de mesures d’encouragement à des investissements productifs ? Peut-être serait-il plus indulgent de moins critiquer les entreprises étrangères car elles sont étrangères et travaillent pour le profit, alors que nous devrions attendre plus des entreprises algériennes qui devraient contribuer à développer le pays même au sacrifice d’une partie des profits.
B. M.
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