Comment l’Algérie a fait tomber Mohammed VI dans son propre piège
Par Karim B. – La «réponse» de l’Algérie à l’appel du roi du Maroc d’ouvrir un «dialogue franc et direct» entre Alger et Rabat n’est pas venue par la voix du président de la République, mais du ministère des Affaires étrangères qui vient d’appeler «officiellement» à la tenue d’une réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Union du Maghreb arabe «dans les délais les plus rapprochés». La demande pressante de l’Algérie vise clairement à mettre Mohammed VI et le Makhzen devant leurs responsabilités.
«L’Algérie a saisi officiellement le secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe pour l’appeler à organiser dans les délais les plus rapprochés une réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UMA. Cette demande a été portée à la connaissance des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Union», indique, en effet, un communiqué du ministère des Affaires étrangères rendu public ce jeudi 22 novembre. La balle est ainsi jetée dans le camp du Maroc qui ne pourra assurément pas répondre négativement à cette demande faite par l’Algérie, quelques jours à peine après le discours dithyrambique de Mohammed VI à l’égard de «l’Algérie sœur».
«Cette initiative s’inscrit en droite ligne de la conviction intime et maintes fois exprimée par l’Algérie de la nécessité de la relance de l’édification de l’ensemble maghrébin et de la réactivation de ses instances», précise le communiqué du ministère des Affaires étrangères qui bat en brèche les tentatives insidieuses – de certains pays arabes et africains alliés du Maroc – qui visaient à imputer à l’Algérie la responsabilité dans le blocage de la construction du Grand Maghreb.
Cette vive réaction de l’Algérie ne s’adresse pas directement au Maroc. «Elle intervient dans le prolongement des conclusions du dernier sommet extraordinaire de l’Union africaine (…) sur les réformes institutionnelles de l’organisation continentale, qui a accordé un intérêt particulier au rôle des communautés économiques régionales dans les processus d’intégration des pays africains», souligne le ministère qui sous-entend, à son tour, que si retard il y a dans l’édification de l’UMA, ce ne peut pas être à cause de l’Algérie, mais bel et bien en raison de l’attitude hostile du Makhzen. D’où la nécessité, note Alger, de «relancer des réunions du Conseil des ministres» qui sont «de nature à introduire un effet catalyseur susceptible de redynamiser les activités des autres organes de l’Union du Maghreb arabe».
La balle est donc désormais dans le camp marocain. Mohammed VI a voulu piéger l’Algérie en lui tendant une main fourbe, il se retrouve prisonnier de son propre piège. Il voulait dialoguer avec ses «frères algériens», ceux-ci ont répondu que cela devra effectivement se faire dans le cadre de l’ensemble maghrébin.
K. B.
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