Le prince Mohammed Ben Salmane se cherche une légitimité en Algérie
Par Kamel M. – Un communiqué du cabinet royal annonce une visite du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane en Algérie, dans le cadre d’une tournée qui le conduira dans «six pays arabes frères». C’est la première sortie de Ben Salmane depuis le scandale retentissant de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi à l’intérieur du consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul.
La page Khashoggi est-elle en train d’être tournée avant même que toute la vérité exigée par la communauté internationale ne soit révélée ? Aura-t-il suffi d’un procès expéditif d’une vingtaine de suspects pour que les dirigeants saoudiens soient définitivement mis hors de cause, sacrifiant ainsi le droit sur l’autel des intérêts financiers et commerciaux ?
L’Algérie s’est abstenue de commenter l’affaire Jamal Khashoggi malgré le grand bruit que cet assassinat a fait à travers le monde entier, au point de faire vaciller le trône à Riyad. La Turquie, où le crime a eu lieu, et les Etats-Unis, gendarme du monde, avaient paru résolus à «aller jusqu’au bout» pour réclamer que toute la lumière soit faite sur ce crime, Erdogan et Trump multipliant les discours menaçants à l’égard du régime wahhabite de Riyad.
De leur côté, les médias américains se sont montrés sceptiques à l’égard des conclusions de l’enquête menée par les services de sécurité saoudiens, insistant sur le caractère immonde de l’assassinat et sur l’implication probable du fils du roi Mohammed Ben Salmane dans l’exécution de l’opposant dont plusieurs sources s’accordent à dire qu’il était un agent des Al-Saoud avant de tourner casaque.
Il va sans dire que Mohammed Ben Salmane cherche à se refaire une virginité auprès des «frères arabes», en donnant sa version des tenants et des aboutissants de cette affaire qui a confirmé la nature brutale et sauvage du régime saoudien et, par là même, à sauver son trône qu’il apprête à occuper en dépit d’une grande opposition au sein même de la famille régnante.
Le prince héritier cherche aussi une légitimité «arabe et islamique» dans la crainte que ses rivaux prennent le pouvoir par la force et le privent de la fonction de gardien des deux Lieux saints de l’islam en remplacement de son père vieillissant.
K. M.
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