Ben Salmane et l’UMA
Par R. Mahmoudi – Si rien n’a encore filtré des objectifs officiels de la prochaine visite du prince héritier d’Arabie Saoudite en Algérie, inscrite dans le cadre d’une tournée qui le mènera dans six pays arabes, un tel déplacement de l’homme fort de Riyad ne devrait pas se limiter à une présence symbolique visant à soigner une image gravement ternie par le scandale de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.
Si le tapage médiatique qui l’accompagne d’ores et déjà – avec une campagne enragée sur les réseaux sociaux appelant à refuser de l’accueillir à Alger – empêche d’entrevoir d’autres enjeux, il n’en demeure pas moins que cette visite de Mohammed Ben Salmane peut avoir des conséquences directes sur le contexte politique régional et booster notamment les relations algéro-marocaines en butte à des tensions endémiques et restées bloquées à cause des manœuvres lancées cycliquement par Rabat, la dernière en date étant cet appel pour un «dialogue franc et direct» lancé par le roi Mohammed VI.
La programmation d’une visite du prince héritier saoudien dans la région du Maghreb coïncide avec l’initiative que vient de lancer l’Algérie, en appelant à la tenue d’une réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Union du Maghreb arabe (UMA) «dans les délais les plus rapprochés». Connaissant le rôle déterminant qu’ont joué l’Arabie Saoudite et les autres pays du Conseil de coopération des Etats du Golfe dans la création de l’UMA, en 1989, et l’influence politique et historique qu’exerce ce pays sur le royaume du Maroc, on peut prévoir qu’une caution saoudienne solennelle à cette idée de réactivation de l’UMA va mettre le Maroc dans l’obligation de s’y soumettre.
Le choix de Mohammed Ben Salmane de se rendre dans tous les pays membres de l’UMA (la Tunisie, l’Algérie et la Mauritanie, la Libye étant sans gouvernement stable), sauf le Maroc, marque déjà une forme d’isolement de Rabat dans cette nouvelle dynamique impulsée par Alger sur la scène maghrébine.
R. M.
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