Mokri et Benhadj ouvrent la campagne contre la visite de Ben Salmane
Par R. Mahmoudi – Réagissant en chœur contre la tournée programmée par le prince héritier saoudien dans certains pays arabes, les islamistes affiliés à la secte des Frères musulmans se couvrent derrière cet alibi du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi attribué à Mohammed Ben Salmane pour se redéployer, en Tunisie et en Algérie, sur la scène politique.
Premier chef de parti à réagir à l’annonce d’une visite prévue par Mohammed Ben Salmane en Algérie mais pas encore confirmée par Alger, Abderrazak Mokri, a déclaré que la venue de Mohammed Ben Salmane dans la conjoncture actuelle «attente à la réputation de l’Algérie aux plans arabe et international».
S’exprimant en marge d’une conférence organisée, samedi, par son parti, le MSP, ayant pour thème «La normalisation et l’expansionnisme sioniste dans le monde arabe», Mokri donne un argument économique pour essayer de justifier sa position et celle de son parti, en soulignant que «Mohammed Ben Salmane a répondu aux injonctions de Donald Trump, en baissant les prix du baril, tout en sachant que cela nuit aux intérêts de l’Algérie». Et de poursuivre : «Avec cette visite, il essayera peut-être de rassurer l’Algérie et souhaiterait en faire une république de riz (assistée, ndlr) mais nous faisons confiance à la dignité des Algériens pour refuser que leur pays se transforme en pays parasite». Mokri évoque à cette occasion «tous les crimes commis par l’armée saoudienne au Yémen et les abus quotidiens dont sont victimes les opposants en Arabie Saoudite (…)».
Joignant sa voix à celles des anti-Ben Salmane, l’ex-numéro deux du FIS dissous, Ali Benhadj, crie, lui, au scandale, en se demandant «comment les autorités algériennes pourraient accueillir ce criminel, alors que ses mains sont maculées de sang», allusion à Mohammed Ben Salmane. Tout en mettant en garde le pouvoir algérien, l’ex-leader du FIS se dit persuadé que «l’ensemble du peuple algérien ne souhaite pas la bienvenue à ce prince de la trahison et de l’oppression».
Benhadj suggère même aux autorités des pays musulmans où il doit être accueilli de l’arrêter et de le traduire en justice. Il cite, ensuite, un hadith (qui reste à authentifier) maudissant «quiconque abriterait des criminels». Reprenant, lui aussi, tous les crimes dont s’est rendu coupable le régime wahhabite, dont Benhadj feigne ignorer qu’il fut un jour la matrice nourricière du parti tout aussi sanguinaire qu’il a fondé, il énumère tous les arguments stéréotypés : la guerre au Yémen, l’asservissement des peuples arabes, pour finir par la crise pétrolière provoquée par les Al-Saoud «pour servir leurs maîtres à Washington».
R. M.
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