La gabelle
Par Mrizek Sahraoui – Avant qu’elle ne fût abolie par la loi de finances de 1945, la gabelle sur le sel, faute de ressources suffisantes, permit alors de renflouer les caisses du royaume et puis de la République. Des siècles plus tard, sous l’ère d’Emmanuel Macron, un jeune Président, un tantinet iconoclaste, ayant au lendemain de son élection suscité le rêve, ayant été perçu comme l’incarnation du nouveau monde, le même schéma se reproduit avec pour principe cette fois : la gabelle sur les carburants, seule solution à la dette qui se creuse.
Et les raisons sont multiples : l’économie est poussive et toussotante en dépit des milliards d’euros générés par les ventes exponentielles d’armes ; les chiffres du chômage demeurent peu reluisants ; la consommation des ménages, un facteur qui booste l’économie et élément clé dans la conjoncture économique actuelle est sur une dynamique décroissante ; l’Europe qui allait prendre un nouvel élan dans sa construction, selon les promesses électorales du candidat Macron, jouera (sa) survie en mai prochain ; les conflits où la France joue les premiers rôles devant rapidement trouver sous sa houlette leur épilogue, notamment au Sahel, en Libye, ou encore en Syrie, n’en finissent pas de s’enliser.
En un mot, selon certains économistes opposés au président Macron, l’échec est total et sur tous les registres. D’ailleurs, Emmanuel Macron l’a confirmé, dimanche dernier, affirmant depuis Bruxelles, en marge du Sommet des 27 sur l’accord de divorce d’avec le Royaume-Uni : «Nous n’avons pas pu construire un nouveau modèle de développement», et d’ajouter : «Nous devons redonner aux classes populaires et moyennes les perspectives de reconstruire le progrès.»
Un mea culpa, amende honorable, ou une nouvelle stratégie de communication, un avant-goût de son intervention – un laïus de plus – prévue ce mardi, visant simplement à apaiser le climat de forte tension qui règne dans l’Hexagone à la suite de la forte mobilisation des Gilets jaunes, une jacquerie des temps modernes – qui va jusqu’à demander la démission du Président, un fait inédit dans l’histoire la Ve République – dont le gouvernement, par la voix du ministre de l’Intérieur, a tenté depuis le début d’en discréditer l’action.
Après les petites phrases en direction des petites gens rencontrées çà et là au gré des sorties sur le terrain, l’affaire Benalla, du nom du barbouze franco-marocain – l’épithète est en deçà de la réalité – et l’échec de sa politique en général, Emmanuel Macron risque de voir son quinquennat se transformer en calvaire, compromettant définitivement ses chances pour un second mandat.
M. S.
Comment (3)