Les exportations du gaz algérien en Europe menacées par Israël ?
Par R. Mahmoudi – Des révélations faites récemment par la presse israélienne sur l’existence d’un accord, qu’elle qualifie d’«historique», d’inauguration d’un gazoduc devant relier Israël à l’Europe, avec l’appui de l’Union européenne et le financement des Emirats arabes unis, suscitent indignation et inquiétudes en Algérie. Indignation parce que cette contribution d’un pays arabe au projet israélien confirme la tendance à une normalisation de plus en plus décomplexée dans la région du Moyen-Orient, au moment où l’Etat hébreu s’est de nouveau illustré par sa politique répressive à l’encontre de la population palestinienne.
Inquiétudes dans la mesure où ce projet constitue une menace directe pour le gaz algérien, qui a une part de marché importante en Europe. Cette annonce intervient à un moment où les prix du pétrole ont connu une nouvelle chute, après la décision prise par l’Arabie Saoudite de se soustraire à ses obligations dans le cadre de l’Opep sur la non-augmentation de la production pétrolière, et de satisfaire la demande américaine en augmentant la production, qui a fait dire au PDG de Sonatrach, Mustapha Guitouni, que les prix actuels sont «anormaux».
L’accord signé par Israël vise à construire un gazoduc sur une distance de 2 000 km, ce qui en fait le plus long du monde, dans le but d’approvisionner l’Europe en gaz israélien, ce qui se fera, d’une manière ou d’une autre, aux dépens de l’Algérie. Même si l’Algérie, selon certains experts, ne sera touchée qu’en troisième position, puisque le gaz israélien sera destiné aux pays de l’Est et les Balkans, généralement approvisionnés par le Qatar et la Russie. Or, il y a lieu de craindre qu’à long terme le gaz israélien intègre tout le marché européen, avec ses 500 millions de consommateurs de gaz. La part de l’Algérie, qui est actuellement de 8% risque, ainsi, de se rétrécir davantage. Ce qui se répercutera négativement sur ses recettes gazières.
Aussi la venue d’un nouveau fournisseur sur le marché européen peut-elle amener les pays consommateurs à privilégier les contrats de courte durée, alors que les pays producteurs préfèrent les contrats de longue durée, seul moyen de couvrir les coûts de production et d’avoir une marge de bénéfice acceptable.
R. M.
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