Quand Rabat fait semblant de ne pas comprendre le message d’Alger
Par R. Mahmoudi – Dix jours après l’appel du roi Mohammed VI pour la création d’un «mécanisme de dialogue» avec Alger, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, demande une «réaction officielle» à cette offre, comme s’il est écrit que l’Algérie doit avoir une réponse par un «oui» ou par «non».
Le chef de la diplomatie marocaine s’est entretenu à ce sujet, lundi, avec l’ambassadeur d’Algérie à Rabat, «après plusieurs démarches, formelles et informelles, entreprises vainement, dix jours durant, afin d’établir un contact avec les autorités algériennes à un niveau ministériel», selon un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères.
Au cours de cette entrevue, Nasser Bourita a réitéré le souhait du royaume de «connaître la réaction officielle des autorités algériennes à l’initiative d’établissement d’un mécanisme politique de dialogue et de concertation avec l’Algérie», selon ce communiqué. Pour lui, la proposition algérienne de tenir rapidement une réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères des cinq pays de l’Union du Maghreb arabe (UMA), en vue de relancer l’organisation régionale, est à prendre en dehors de l’offre marocaine pour un dialogue bilatéral. Un piège dans lequel les Marocains tentent, par leur manœuvre, d’entraîner l’Algérie à un moment crucial des négociations de paix sur le Sahara Occidental.
Bourita a dit avoir «pris note» de cette demande, en assurant ne pas avoir «d’objection de principe quant à la tenue d’une réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères» de l’UMA mais trouve que la proposition algérienne, sans rapport avec l’offre d’origine «purement bilatérale», s’inscrit «dans le cadre de la relance de la construction régionale».
Le chef de la diplomatie marocaine feint ignorer que la raison même d’existence de cette instance intermaghrébine est d’aider à raffermir les relations entre les pays membres et assainir, éventuellement, tous les différends qui viendraient entraver ces relations.
R. M.
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