Ouyahia prépare les Algériens à affronter une année 2019 «délicate»
Par Karim B. – Le discours d’Ahmed Ouyahia devant les walis est pour le moins pessimiste. Le Premier ministre n’y est pas allé par quatre chemins et n’a pas usé d’euphémismes pour prédire ce que sera l’année 2019 : une année délicate, à en croire le chef de l’Exécutif.
Parallèlement à ce qui s’apparente à une alerte en cette fin d’année emplie de doute et faite d’incertitudes, Ahmed Ouyahia emboîte le pas au président Bouteflika et appelle les citoyens à se méfier de la rumeur. Le Premier ministre fait vraisemblablement allusion au phénomène qui a envahi les réseaux sociaux et dont les acteurs sont une poignée d’agitateurs qui tentent de saper le moral des Algériens en décrivant une situation apocalyptique et en achevant de briser la confiance déjà entamée entre les citoyens et les responsables. Ouyahia appelle à contrecarrer la désinformation en communiquant à outrance.
L’intervention du chef de l’Exécutif, si elle reflète une réalité incontournable, ne pèche pas moins par son caractère alarmiste. Ouyahia est connu pour son discours «sans fioritures» – comme il aime à le répéter –, mais sa description catastrophiste de l’avenir immédiat n’est pas de nature à susciter une prise de conscience générale après des décennies d’assistanat et de gabegie à laquelle les Algériens ont été habitués, grâce à des recettes pétrolières aussi généreuses qu’éphémères. Les mises en garde du Premier ministre ne feront qu’aggraver le sentiment d’injustice que de nombreux citoyens dénoncent en estimant que le fardeau de la crise économique et financière n’a pas été équitablement partagé.
En filigrane, Ahmed Ouyahia insinue que l’Etat providence est en voie de disparition et que le citoyen devra apprendre à se débrouiller seul à travers l’initiative et l’effort. Mais le citoyen est-il préparé à une rupture brutale et brusque du cordon ombilical qui le rattache à la matrice de l’administration qui le nourrit, le forme et le loge sans aucune obligation de résultat en retour ? Rien n’est moins sûr.
C’est pour cela, d’ailleurs, qu’Ouyahia lie les temps difficiles que l’Algérie s’apprête à vivre à partir de l’année prochaine, sur fond de fonte des réserves de change, et la subversion à travers les réseaux sociaux qui risque, si elle n’est pas neutralisée, d’être l’étincelle qui mettrait le feu aux poudres.
En somme, le discours d’Ouyahia se résume en une phrase : il y a péril en la demeure.
K. B.
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