Comment Macron a fait de la France une République en marche… arrière
Par Mrizek Sahraoui – «— Mais c’est une révolte ? — Non, Sire, c’est une révolution !». Avec Emmanuel Macron – qui ne (l)’a pas vue arriver –, la France, avec tout ce qui s’y passe, d’apparence anodine, est sur le point de convoquer son histoire. Au regard, en effet, des images des affrontements des Champs Élysées de samedi dernier qui risquent de se reproduire ce samedi, la mobilisation quasi intacte et le soutien franc et massif de toute la population – 84 % des Français se disent favorables au mouvement des Gilets jaunes –, le pire est à craindre dans les prochains jours, c’est-à-dire, en janvier, lorsque le gouvernement mettra en place la deuxième salve des augmentations des taxes sur les carburants, mais aussi et surtout, après la mise en place du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu. Et c’est l’histoire qui se répète.
Tout juste dix-huit mois après son accession au pouvoir, Macron a réussi l’exploit de faire de la République en marche une République en marche arrière. Ce laps de temps a vu s’agréger l’ensemble des griefs que les citoyens ont pendant longtemps reprochés à ceux auxquels il a succédé pour constituer un véritable ras-le-bol généralisé de toutes les couches sociales, excepté, bien entendu, le très sélect club des «1%», les plus riches dont les portefeuilles n’ont jamais été autant garnis que sous l’ère Macron qui, depuis l’affaire Benalla, n’est plus maître des horloges, encore moins de son agenda.
«Ce quinquennat, c’est cuit !», trouvent à gloser certains commentateurs de la vie politique française après l’intervention du président français mardi dernier, refusant de céder et estimant devoir tenir le cap fixé. Une réaction bien qu’attendue qui a suscité la colère des Gilets jaunes qui dénoncent une énième entourloupe et voient dans le comportement de Macron du mépris et de l’arrogance à leur égard.
«On lui parle de la fin du mois, Emmanuel Macron nous parle de fin du monde», cette phrase lâchée devant les médias locaux par un Gilet jaune résume à elle seule la détresse des couches sociales moyennes, montre le fossé qui s’élargit et qui sépare les gouvernants des gouvernés, et donne un net éclairage sur les préoccupations diamétralement opposées de ceux d’en haut et ceux d’en bas, en France.
Le comble est que la révolution est aux portes de l’Elysée et Jupiter va – encore – discourir ce week-end et prêcher la bonne parole depuis Buenos Aires à l’occasion du Sommet du G20.
M. S.
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