Quand la réalité révolutionnaire dépasse la fiction macronienne
Par Mesloub Khider – Ironie de l’histoire, Macron aura été l’auteur de la Révolution. Cette Révolution qu’il a vantée dans son ouvrage éponyme écoulé massivement dans les librairies. Sa Révolution tant magnifiée se résumait dans la destruction du modèle social français bâti au prix de batailles ouvrières séculaires. Sa Révolution est la première du genre à être initiée par l’Etat. Cet Etat au service de la classe dominante, propriété du capital mondialisé. Mais la Révolution de Macron a le goût amer de la réaction. Réaction bourgeoise contre le peuple, les classes populaires, le prolétariat.
Le réformisme d’Etat
Paradoxalement, elle se drape dans une phraséologie longtemps employée par le mouvement ouvrier bourgeois adepte du réformisme. Ce concept politique ennemi de la révolution. Cette arme idéologique dépourvue de balles réelles révolutionnaires. Pour qui il n’est nullement question d’attenter à la vie du capitalisme, mais de le braquer avec des armes factices (la démocratie parlementaire) pour lui subtiliser juste quelques miettes sociales. Pour lui quémander quelques améliorations sociales.
Cette politique de collaboration de classes a été désignée sous le nom de réformisme. Car elle prônait l’amélioration des conditions de vie par les réformes. Réformer était donc synonyme d’évolution favorable de la situation sociale et économique du peuple. Néanmoins, la réalité actuelle nous le prouve, ces réformes concédées par l’Etat dans le cadre du capitalisme n’ont jamais eu un caractère pérenne. Ce qu’il accorde la veille, il le récupère le lendemain. Au sein du mode de production capitaliste tout est éphémère, transitoire, comme son existence historique appelée à disparaître.
Aujourd’hui, Macron, ce faussaire de la politique, a réussi le tour de force de falsifier ces deux concepts fondamentaux : Révolution et Réforme. Dans les deux acceptions, ces deux termes revêtaient des conceptions foncièrement progressistes, des connotations politiques positives. Sous la plume et la gouvernance de Macron, ces deux idéaux «socialistes» se métamorphosent en leur contraire : réaction politique et destruction sociale. En effet, la Macronie est parvenu à (nous) vendre la réaction politique sous l’emballage de Révolution. Et à (nous) faire croire que ses mesures de destruction massive sociale et économique constituent des réformes.
Macron face aux Gilets jaunes
Voici ce que le pouvoir de Macron désigne sous le nom de réformes : l’augmentation des impôts indirects concomitamment à la suppression de l’ISF, transfert de l’argent public vers le secteur privé par la politique d’aide des trusts et des banques, accentuation des mesures antisociales, baisse des salaires et des revenus, suppression des aides sociales, ponction sur les retraites, démantèlement des hôpitaux publics, démolition des transports publics, destruction de l’école publique. Toutes ces «Réformes» sont décrétées, selon la propagande de Macron, pour sauver, sans rire, la planète. Sauver la planète ou sauvegarder le capital français ?
Le gouvernement de Macron prétend œuvrer pour la sauvegarde du climat. Aujourd’hui, la véritable hantise du pouvoir de Macron, ce n’est pas la climatologie, dont il se fiche souverainement, mais le climat politique et social subversif. Car l’explosion de colère est en train de fédérer toutes les révoltes, d’unir les luttes, de coordonner les énergies subversives, d’organiser le combat collectif du mouvement des Gilets jaunes.
Macron, qui a fait, par mépris intellectuel, de la Révolution son ouvrage de fiction politique, a redonné à la Révolution sa réalité. La Révolution est sortie de son livre pour se livrer réellement au peuple en lutte. La réalité révolutionnaire dépasse toute la fiction macronienne. Macron, face à la révolte du mouvement des Gilets jaunes, a le dos au mur. Il s’est lui-même embourbé dans sa politique sablonneuse : s’il recule, il démontre à la classe ouvrière qu’en se mobilisant par l’action directe dans la rue, en dehors des encadrements habituels professionnels stipendiés politiques et syndicaux, elle peut arracher des victoires glorieuses. S’il ne recule pas, le mouvement va s’approfondir, se radicaliser, s’enhardir. Et le peuple va devoir ainsi s’organiser en vue d’un affrontement assurément dangereux pour les classes possédantes.
Ainsi, ce tour de prestidigitation politique réformiste destructive a débouché sur l’agitation sociale subversive.
Au reste, paradoxalement, Macron a été imposé par le capital pour démolir tous les acquis sociaux. Par un retour de boomerang, sous l’instigation du mouvement populaire des Gilets jaunes porteur d’une plate-forme subversive, il est acculé à devoir appliquer des revendications sociales, économiques et politiques «socialistes» jamais instaurées depuis la Commune de Paris. En d’autres termes, un programme résolument révolutionnaire. Même les gauchistes et les syndicalistes n’auraient jamais pu imposer un tel projet «socialiste».
Macron prétendait incarner le mouvement de l’histoire. Le mouvement des Gilets jaunes lui a rappelé que c’est le peuple qui réalise l’Histoire.
M. K.
* Les intertitres sont de la rédaction
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