Pays ou banque ?
Par Akram Chorfi – La grande colère que porte le mouvement des Gilets jaunes en France ne date pas de l’avènement du macronisme. Elle est juste la preuve que les actes politiques de Macron – qui viennent encore une fois en guise de solution consacrer le capital et, avec lui, la misère de ceux qui sont déjà misérables – ont provoqué le ras-le-bol des populations qui se considèrent comme les laissés-pour-compte d’une politique qui leur a désormais révélé ses objectifs : achever cette France socialisante qui a «trop d’acquis» pour consacrer la France du libéralisme économique où la misère des hommes ne choquerait plus, où le chômage serait une norme nécessaire, où la performance économique et l’opulence des patrons seraient les seuls indices valables pour définir la prospérité française.
Macron, dans ses efforts pour imaginer des solutions à une crise financière structurelle réelle, ne semble pas avoir pu se départir de ses obédiences de banquier et ses sympathies pour le dogme libéral américain, révélant à une partie des Français, ceux qui pâtissent dans leur chair de cette crise chronique, un parti-pris «managérial» intolérable de la part de leur président, dont les arbitrages, surtout en temps de crise, sont attendus pour être équilibrés et absolument irréprochables.
Gérer un pays comme on gère une banque ne pouvait pas produire autre chose que cette explosion sociale. Cela, même si ce pays surendetté et en quête d’équilibre budgétaire a absolument besoin de rigueur financière qui aurait pu se concrétiser par une politique qui, tout en demandant des sacrifices aux moins nantis, prendrait également aux riches.
Cela aurait été certainement plus supportable pour les plus pauvres, moins ruineux pour les riches et certainement salvateur pour la cohésion française. Mais était-ce pensable pour Macron ?
A. C.
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