La stratégie sournoise du régime de Mohammed VI pour piéger la Mauritanie
Par Houari A. – Le Maroc ne lésine sur aucun moyen pour sortir de son isolement stratégique dans la région, quitte à formuler des fadaises sous forme de propositions trompeusement innovantes.
Dernière découverte en date : la proposition du royaume de Mohammed VI de coopérer avec les cinq pays du Sahel pour «développer les zones côtières».
Cette idée pour le moins saugrenue, selon des sources informées, a été officiellement formulée par le chef du gouvernement marocain, Saâdeddine El-Otmani, lors de sa visite à Nouakchott dans le cadre d’une prétendue volonté du royaume de Mohammed VI de renforcer sa coopération avec les pays du Sahel pour développer les zones côtières confrontées, selon lui, «à de graves menaces sécuritaires, y compris au Maroc», devenu par la magie des insanités géographiques un pays sahélien.
A y regarder de plus près, cette proposition fantasque à destination d’une région, qui ne dispose, en fait, que d’une seule façade maritime située en Mauritanie, cache mal la volonté sournoise du Maroc à utiliser une idée vide de sens au service de son agenda colonialiste sur les territoires occupés du Sahara Occidental et expansionniste sur la Mauritanie dont il n’a reconnu l’indépendance qu’au bout de neuf longues années.
Il faut aussi y avoir une réaction épidermique aux récentes évolutions prometteuses dans les relations algéro-mauritaniennes, à la faveur de l’ouverture d’un nouveau poste frontalier, en août dernier, entre les deux pays, qui a été suivie par la caravane algérienne «Ponts de fraternité», dans le cadre de la participation à la 4e édition de la Foire des produits algériens, à Nouakchott, du 23 au 29 octobre dernier, dont le succès ne se dément pas tant il est vrai que ce type d’actions apporte un contribution substantielle au développement des échanges bilatéraux et africains alors que, de l’autre côté, notre voisin de l’Ouest ne trouve rien de mieux à vendre que du trafic de contrebande sur un tronçon routier polémique, non seulement par sa construction sur un territoire occupé mais aussi par sa visée pour accéder à la pointe sud du Sahara Occidental (Lagouira) et, donc, avoir un débouché sur le port de Nouadhibou.
C’est avec une valise de propositions sans valeurs que le chef du gouvernement marocain, flanqué du patron du service du renseignement extérieur, Yassine Mansouri – dépêché en urgence alors qu’il était censé assister à la table ronde à Genève sur le Sahara Occidental – a atterri à Nouakchott, pays avec lequel les relations bilatérales sont marquées du sceau de la froideur, dans le cadre de sa participation à la «Conférence de coordination des partenaires et bailleurs de fonds du G5 Sahel pour le financement du programme d’investissements prioritaires (PIP)», initiative portée par la France et qui peine à décoller, notamment pour des raisons de financement.
Il faut reconnaître que la proposition marocaine, aussi incongrue soit-elle, correspond au moyen modeste en sa disposition. Son ministre des Affaires étrangères avait proposé, lors d’une concertation ministérielle de la francophonie sur «la sécurité et le développement dans un espace francophone solidaire» – organisée en marge des travaux de la 72e Assemblée générale des Nations unies – un soutien aux pays du Sahel dans le domaine de la formation des troupes et dans la sécurisation des frontières.
Autant d’entreprises difficiles à mettre en œuvre pour un pays qui ne dispose pas de frontières avec cette région et dont la sincérité des initiatives commence à agacer son parrain français soucieux de ménager l’Algérie dont le poids dans l’équation sécuritaire régionale est reconnu par tous.
H. A.
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