Le culte de l’ignorance
Par Mesloub Khider – Quand l’ignorance du culte authentique se conjugue avec le culte de l’ignorance cela signifie que la raison perd sa foi, la foi déraisonne. L’école perd ses repères, les enfants ignorent leurs pères. Les pères ne remplissent plus leur mission éducative, l’école sa vocation pédagogique.
Aujourd’hui, en Algérie, la construction d’une mosquée s’érige souvent sur la destruction de l’école. L’école est devenue l’antichambre de la mosquée. La mosquée a annexé l’école. A désaxé la mission pédagogique de l’école. Lui a imprimé une orientation scolaire où l’enseignement du Livre unique sacré a désacralisé tous les livres du savoir. Les connaissances scientifiques ne sont plus sacrées. Les savoirs ne sont plus consacrés.
L’ancien temps de la soif de connaissances longtemps béni, du paysage algérien a été définitivement banni. La mer intellectuelle algérienne a été asséchée, dévorée par l’envahissement du désert de l’ignorance parti de l’Orient. Le désert algérien se chargeant d’irriguer en revenus sa population prosternée, grâce à la rente pétrolière.
L’Algérien contemporain se tourne vers le ciel pour quémander son existence parasitaire. La terre lui sert juste de moyen de génuflexion. Mais jamais de réflexion. Ni encore moins de laborieuses productions.
C’est devenu un spécialiste de l’importation de ses subsistances et un professionnel de l’exportation de sa vie. En effet, il se nourrit de la production des autres pays et, quand il daigne travailler, il alimente la production des autres pays. C’est à perdre son latin, ou plutôt sa derdja, son kabyle.
Au pays, il aime tenir les murs. A l’étranger, il est fier de se murer derrière l’usine à trimer pour son ancien colon. Nos pères révolutionnaires libérateurs doivent se retourner dans leur tombe. Hier, ils ont libéré l’Algérie de l’occupation. Aujourd’hui, leurs enfants n’aspirent à aucune occupation. Ni laborieuse. Ni intellectuelle. Ni culturelle. Ils préfèrent occuper la mosquée. L’envahir, l’exploiter à des fins réactionnaires, terroristes. La mosquée leur sert de lieu de production : production de l’ignorance et de vacuités existentielles.
Le pays, lui, ils l’ont livré aux travailleurs courageux étrangers. L’Algérien préfère transformer sa vie en champ de ruines, plutôt que de produire sa vie par le travail des champs, dans les chantiers. Les chants du muezzin suffisent à remplir ses occupations, à combler son existence.
A croire qu’il a inversé les valeurs. L’école, ou l’annexe de la mosquée, lui a inculqué deux notions antinomiques. Destruction et construction. L’Algérien semble avoir confondu les deux termes dans son apprentissage rudimentaire scolaire dispensé par l’enseignement officiel national. Pour l’Algérien, faire œuvre de destruction est synonyme de construction. Et toute construction se bâtit par la destruction. Dans la tête de l’Algérien contemporain, élaborée par l’école islamisée, les deux chantiers se valent, ils sont équivalents. Détruire le pays est une œuvre de construction. Construire le pays équivaut à le détruire. Belle logique infligée par l’école de l’ignorance.
La raison raisonnable raisonnante est dissonante en Algérie. La logique dissolvante islamisée lui à fait perdre son harmonieuse intelligence.
M. K.
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