Doutes
Par R. Mahmoudi – A un mois de la date fixée pour la convocation du corps électoral par le président de la République, la classe politique donne l’impression de naviguer à vue et de chercher désespérément une issue à cette crise dont personne, du reste, ne veut déclarer la nature. Les divergences fondamentales apparues entre les différentes formations de l’alliance présidentielle sur une question aussi indiscutable, pour elles, que la candidature du chef de l’Etat pour un autre mandat autorisent désormais toutes les lectures et ouvrent la voie à toutes les probabilités.
En acceptant déjà de discuter de l’idée d’aller vers une «conférence nationale», pour légitimer assurément un report des élections ou une prolongation de l’actuel mandat, les partis de l’alliance présidentielle donnent la preuve qu’ils doutent sérieusement du scénario préétabli, celui d’un cinquième mandat, et qu’ils ne se gênent plus de le montrer.
Les acteurs qui sont à l’avant-garde de cette option de la prolongation – Amar Ghoul n’est pas seul dans cette démarche – semblent avoir déjà un plan. Pour conférer un caractère légal à leur projet, ils proposent une révision de la Constitution, avec l’introduction d’un texte qui puisse permettre une telle éventualité. On sait que la loi fondamentale, dans sa version actuelle, ne prévoit le report de l’élection présidentielle que dans un seul cas, celui d’un état de guerre ; ce qui ne peut s’appliquer à la situation actuelle. Des sources médiatiques croient même savoir qu’un projet de révision constitutionnelle est fin prêt et qu’il serait soumis incessamment à adoption par voie parlementaire.
Il est acquis que ce scénario va déjà avoir l’adhésion des partis islamistes, dont notamment le MSP, qui font actuellement campagne pour le report de ce scrutin, sous couvert de la recherche d’un «consensus national». Le porte-parole du MSP, Nacer Hamdadouche, le dit ouvertement, dans une déclaration parue, dimanche, dans un quotidien national : «Toute procédure de prolongation doit être constitutionnalisée et légitimée par la réunion des deux Chambres, et devrait être suivie d’une refonte plus profonde de la Constitution devant prévoir la révisions de plusieurs aspects politiques et économiques.»
R. M.
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