Un conseiller du roi cible l’Algérie ou quand Bolton fait trembler le Makhzen
Par Karim B. – La récente déclaration de John Bolton, le conseiller à la sécurité du président américain, Donald Trump, qui a exprimé sa «frustration» devant le blocage dans le règlement du conflit du Sahara Occidental, en soulignant que «les Sahraouis et leurs enfants ont besoin de retourner chez eux et d’avoir une vie normale», a semé un vent de panique au Maroc.
Une panique telle qu’un conseiller politique et diplomatique du roi, basé à Washington, et néanmoins rédacteur en chef du média de propagande marocain Morocco World News, a appelé à l’urgence de neutraliser les «lobbyistes américains pro-algériens» qui, selon lui, sont derrière cette prise de position de l’officiel américain de haut rang.
«La diplomatie marocaine devra être plus que jamais vigilante» depuis la déclaration de John Bolton, s’inquiète le conseiller de Mohammed VI qui rappelle, à juste titre, que le responsable américain a occupé le poste d’ambassadeur des Etats-Unis auprès des Nations unies en 2005 et 2006. Et ce n’est pas un hasard si le conseiller affolé du Makhzen remémore cette phase de la carrière de Bolton. C’est que le Maroc appréhendait dès le départ la nomination par le président américain de John Bolton à ses côtés, car ce dernier ne pardonne pas au Maroc d’avoir saboté le plan présenté par l’ancien secrétaire d’Etat, James Baker, dont il était le maître d’œuvre.
Dès l’annonce de la désignation de Bolton, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, s’était empressé de quémander le soutien des dirigeants israéliens dont le conseiller fraîchement nommé de Donald Trump est, dit-on, un ami. Le Makhzen avait déguisé cette visite du chef de la diplomatie marocaine par une rencontre avec les Palestiniens. Mais tout le monde avait compris que le déplacement de Nasser Bourita à El-Qods était une diversion, le roi Mohammed VI, qui préside le comité El-Qods, ayant dans le même temps adopté un profil bas face au très rancunier successeur de Barack Obama, qui lui tient rigueur pour ses accointances avec sa rivale Hillary Clinton à qui le roi du Maroc avait versé vingt millions de dollars.
C’est donc, comme toujours, vers le voisin de l’Est que le régime monarchique de Rabat se tourne pour préparer l’opinion publique marocaine à un nouvel échec dans le dossier sahraoui. Le conseiller de Mohammed VI a, pour ce faire, inventé un cabinet de lobbying américain qui aurait été sollicité par l’Algérie et dont le patron serait un proche de John Bolton. Réduisant la politique étrangère de la première puissance mondiale à une affaire de «fricotage» et de «copinage», le Makhzen se prépare, à vrai dire, à la mère des défaites : celle qui verra le référendum pour l’autodétermination du peuple sahraoui se tenir enfin.
K. B.
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