Abdelmadjid Attar : «L’Algérie va recourir davantage à la planche à billets»
Par Hani Abdi – L’ancien ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, ne conjecture rien de bon pour le marché pétrolier en déclin. «Le prix du pétrole va, au mieux, se stabiliser autour de 60 dollars. Les revenus de l’Algérie issus des hydrocarbures vont diminuer et le déficit va se creuser», alerte Attar dans un entretien à un quotidien arabophone.
Cet ancien président-directeur général du groupe pétrolier public Sonatrach explique les perspectives moroses du marché pétrolier par le ralentissement de la croissance économique mondiale. Les deux plus grands importateurs de pétrole au monde, à savoir la Chine et l’Inde, ayant longtemps réalisé une croissance à deux chiffres, connaissent un ralentissement économique qui va encore durer en 2019.
Attar souligne ainsi que ce ralentissement impacte gravement la demande pétrolière et met le marché de l’or noir en difficulté. Cet ancien membre du gouvernement évoque dans le sillage la situation politique en Arabie Saoudite, qui subit de fortes pressions américaines qui l’empêchent de respecter ses engagements de réduction au sein de l’Opep.
A cela s’ajoute l’extraction de grosses quantités de pétrole de schiste aux Etats-Unis, où le nombre de forages effectués a grimpé de manière vertigineuse. Ainsi, les Etats-Unis risquent d’inonder le marché pétrolier au début de 2019. D’ailleurs, s’il n’y a pas eu de réduction de production des membres de l’Opep, le prix du pétrole serait encore plus bas qu’aujourd’hui, estime ce spécialiste du marché énergétique. Cet ancien ministre considère que les indicateurs du marché pétrolier sont «très inquiétants» et la crise qui secoue ce marché risque de durer encore beaucoup plus longtemps que prévu si la croissance économique mondiale ne redécolle pas.
Pour Abdelmadjid Attar, les années à venir vont être difficiles pour l’Algérie qui sera contrainte de recourir encore davantage à la planche à billets pour combler le déficit. Un recours qui ne sera pas sans conséquence notamment sur le pouvoir d’achat des Algériens qui est déjà mis à rude épreuve.
H. A.
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