L’armée américaine fuit la Syrie et abandonne les Kurdes à leur sort
Par R. Mahmoudi – Sans aucun préavis, le président des Etats-Unis, Donald Trump, a ordonné un retrait complet des troupes américaines stationnées en Syrie, estimant avoir atteint son objectif de «vaincre» Daech dans ce pays. «Nous avons vaincu le groupe Etat islamique en Syrie, la seule raison pour moi pour laquelle nous étions présents pendant la présidence Trump», a tweeté le président américain, sans autre précision.
«C’est un retrait total» qui interviendra «aussi rapidement que possible», a indiqué, mercredi, un responsable américain sous couvert d’anonymat, précisant que la décision, aux lourdes implications géopolitiques, avait été prise mardi.
Trump avait déjà promis, depuis quelques semaines, de rappeler les quelque 2 000 soldats des forces spéciales américaines déployées dans le nord de la Syrie, officiellement pour combattre l’organisation dite «Etat islamique» et entraîner «les forces locales» dans les zones reprises aux djihadistes. Mais nul ne s’attendait à ce qu’il passe à l’exécution aussi rapidement et de façon aussi péremptoire.
Cette décision semble avoir surpris jusqu’au Pentagone. «La campagne contre l’Etat islamique n’est pas terminée», a nuancé le Pentagone dans sa première réaction à l’annonce, tout en précisant qu’il ne fournirait aucun détail «pour des raisons de sécurité».
Autre preuve que Trump avait pris tout le monde à dépourvu : il y a une semaine, l’émissaire des Etats-Unis pour la coalition internationale «antidjihadistes», Brett McGurk, assurait que les Américains avaient «vocation à rester encore pendant un bon moment en Syrie».
De son côté, le ministre américain de la Défense, Jim Mattis, a, lui aussi, mis en garde contre un départ précipité de la Syrie, évoquant le risque de «laisser un vide qui puisse être exploité par le régime d’Assad ou ses soutiens».
Aujourd’hui, les milices locales protégées par Washington, comme les «Forces syriennes démocratiques» à majorité kurde, se sentent trahies, parce qu’abandonnées à leurs pires ennemis, les Turcs, qui n’en feraient qu’une bouchée.
R. M.
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