Mohcine Belabbas : «L’entourage du Président veut organiser seul la succession»
Par Hani Abdi – Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, estime que l’Algérie se retrouve dans une situation inédite, à la veille d’une élection aussi importante que la présidentielle. «Qu’est-ce qui ne se passe pas en Algérie ?», s’interroge Mohcine Belabbas sur le plateau de France 24, soulignant que les débats entre candidats que doit susciter une élection présidentielle n’existent pas. Le président du RCD souligne en revanche l’existence de fissures au sommet de l’Etat, générée par le manque de cohésion dans le cercle présidentiel.
«On voit bien que les forces appartenant au pouvoir se lancent dans des luttes liées à la prédiction des scénarios possibles pour la présidentielle et pour l’après-présidentielle», déclare Mohcine Belabbas, selon lequel rien n’est clair pour le moment. «Tout le monde se demande si réellement l’actuel président va se représenter à la prochaine présidentielle, s’il y a une volonté de trouver un successeur ou encore d’aller vers le prolongement du mandat présidentiel en cours», relève Belabbas, considérant dans ce sillage que l’état de santé du président Bouteflika en dégradation continue constitue un empêchement à ce qu’il brigue un 5e mandat. Cette difficulté à faire passer le 5e mandat pousse, selon lui, les différents cercles du pouvoir à se livrer une guerre de positionnement pour peser dans la succession.
«Depuis 1962, la désignation des présidents se faisait au niveau de l’armée. Mais le président Bouteflika a réussi durant son long règne à récupérer ce pouvoir qu’il veut aujourd’hui utiliser avec son entourage pour organiser seul la succession. Mais il se trouve que même l’armée veut récupérer ce pouvoir et désigner donc le successeur au président Bouteflika. C’est ce qui a engendré des divisions au sommet du pouvoir», explique le président du RCD pour lequel, même si elle a perdu du terrain sur le plan politique, l’armée est suffisamment puissante dans le contexte actuel pour peser de tout son poids sur la prochaine présidentielle.
Interrogé sur les appels au report de la présidentielle, Mohcine Belabbas estime que de telles démarches sont «insensées» et ceux qui les portent cherchent à anticiper sur les scénarios possibles pour le pouvoir. Pour le président du RCD, il n’y aura pas de report de la présidentielle. «Il n’y aura pas de report de la présidentielle parce que le président Bouteflika a toujours veillé à ce que le calendrier électoral soit respecté, le présentant ainsi comme l’un des signes de stabilité dans le pays. Aller vers le report, c’est donc sortir de cette stabilité tant défendue et mise en avant comme l’une des grandes réalisations du président Bouteflika», souligne-t-il.
Belabbas considère que le meilleur remède à cette situation de crise est le retour vers le peuple, unique source de légitimité et de pouvoir. «La solution est dans la réhabilitation de la souveraineté de décision au citoyen à travers des élections transparentes, organisées par une véritable commission nationale indépendante», poursuit Mohcine Belabbès, estimant qu’il n’y a pas de solution miracle et que l’unique traitement efficace à cette crise est celui qui sera issu de la volonté du peuple. Le président du RCD poursuit en appelant à des élections ouvertes qui se dérouleront en deux tours.
H. A.
Comment (13)