La très complexe équation qui définit le choix du président de la République
Par Bachir Medjahed – Si les critères de choix pour désigner la personne rare qui deviendra président de la République ne sont pas publiables, il est de notoriété publique qu’ils sont définis de façon à garantir la résolution en cohérence d’une équation bien très complexe.
D’abord, l’opinion publique a déjà fait le constat que chaque pouvoir succédant fait le vide autour de lui en matière de personnalités émergentes – ou émergées – auparavant capables d’une destinée nationale. C’est ainsi que les regards se tournent toujours du côté des chefs de gouvernement et plus particulièrement de ceux qui se sont distingués en bi-polarisant le pouvoir.
Chaque chef de gouvernement a, de toute façon, caressé le projet de grimper plus haut. Chacun a sa stratégie propre. Le seul à sembler n’avoir pas caressé des doigts ce projet est feu Smaïl Hamdani. L’impression est qu’il fut nommé par reconnaissance de sa grande qualité de grand commis. Abdelmalek Sellal avait-il cette ambition ? Serait-il auto-valorisant et humainement possible de s’en priver ? En tout cas, quelques-uns des membres de la presse écrite la lui avaient prêtée mais sans en faire une constante dans leurs écrits.
Comment adopter une position d’embuscade et se donner une capacité à peser quand on ne dispose pas d’un parti ? Si cela n’avait pas pu constituer un obstacle pour accéder à la chefferie du gouvernement – peut-être même que cela a été une aubaine –, il n’en sera pas de même pour la magistrature suprême.
Ahmed Benbitour a fait un parcours sans faute comme commis de l’Etat. Des études vers la vie active puis de celle-ci à des fonctions supérieures puis retour aux études et, enfin, retour aux fonctions supérieures avant de devenir chef de gouvernement, appelé par le président Bouteflika. Le divorce a été de l’initiative du chef de gouvernement, rejetant l’usage prononcé des ordonnances par la Présidence.
Pour rester plus près de nous, dans le cas où il n’y aurait pas d’élections, Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem seront les grandes victimes. Ouyahia a promis de ne jamais se présenter contre Bouteflika. Belkhadem également. Si le président prolongeait son mandat, il ne se présenterait donc pas à l’élection et Ouyahia se rendrait compte qu’il a fait une promesse pour rien. Quant à Belkhadem, il pourra toujours avoir l’ambition de se porter vice-président dans le cas où la révision de la Constitution aurait lieu. Il représenterait les islamistes.
Pour réviser la Constitution, les débats ne passeront pas par l’APN car illégitime mais par une conférence nationale constituante validée par le Haut Conseil de sécurité qu’interrogera le président de la République. Le Haut Conseil de sécurité n’est pas une junte car il est constitué par des institutions constitutionnelles.
Les autres chefs de gouvernement, eux, font partie de l’opposition.
B. M.
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