La reprise des cours s’annonce chaude : Nouria Benghabrit face au spectre de la grève
Par Hani Abdi − Le secteur de l’éducation nationale risque de connaître d’importantes perturbations à la reprise des cours, en janvier 2019. Les six syndicats les plus influents mettent fin à la trêve et décident de reprendre la protestation pour faire avancer certaines de leurs revendications, restées sans suite depuis des années, et réclamer une revalorisation salariale.
Après avoir fait le premier pas en se retirant du pacte sur l’éthique conclu avec le ministère, ces syndicats autonomes préparent ainsi une reprise bruyante, avec comme principale option le recours à une grève nationale. La couleur a été annoncée avant les vacances d’hiver.
Les six syndicats, à savoir l’Unpef, le Cnapeste, le Snapest, le SNTE, le CELA et le Satef ont boycotté toutes les activités et toutes les réunions de travail avec la ministre de l’Education nationale. Couper les ponts avec le ministère n’était en réalité qu’un prélude à la reprise de la grève. Ces six syndicats font état aujourd’hui d’une série de griefs retenus contre Nouria Benghabrit. Les six syndicats reprochent en effet à la ministre sa gestion unilatérale, son autoritarisme et sa volonté d’étouffer la pratique syndicale.
Aussi, ces syndicats font état de la suppression des procès-verbaux de réunion, l’absence de locaux pour les syndicats, la non-prise en charge de leurs revendications et le retour du harcèlement des syndicalistes. La menace de reprendre la grève est donc à prendre au sérieux. Si le premier trimestre s’est déroulé sans grande perturbation, le deuxième trimestre, déjà court, risque d’être hypothéqué par des grèves cycliques. Le plus inquiétant pour les parents est que certaines des revendications de ces six syndicats ne relèvent pas du département de Nouria Benghabrit, comme la question salariale, régie par un décret relatif à la Fonction publique, qui ne pourrait être révisée que par le gouvernement via un texte de loi qui passerait par le Parlement.
La ministre de l’Education nationale, qui a bâti son action et son travail sur la concertation et le dialogue permanents avec les partenaires sociaux, devra ainsi faire face à la colère des syndicats qui semblent déterminés à aller jusqu’au bout de leurs revendications. Si par le passé, Mme Benghabrit a réussi à convaincre la majorité des syndicats à renoncer à la grève en contrepartie de la prise en charge graduelle de tous les problèmes auxquels étaient confrontés les enseignants, cette fois-ci la tâche de la ministre s’annonce ardue en raison de sa marge de manœuvre très réduite en ce qui concerne les dépenses.
H. A.
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