Manifestations du pain au Soudan : la population demande le départ d’Omar Al-Bachir
Par Sadek Sahraoui ‑ Dans un communiqué publié lundi 24 décembre, l’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International rapporte que «37 manifestants ont été abattus par les forces de sécurité au cours de cinq jours» d’un mouvement de protestation contre la vie chère au Soudan.
«Le fait que les forces de sécurité utilisent une force meurtrière de manière aussi aveugle contre des manifestants non armés est extrêmement préoccupant», a estimé Sarah Jackson, directrice adjointe de l’ONG pour l’Afrique de l’Est, les Grands Lacs et la Corne de l’Afrique.
Le mouvement de colère d’une partie de la population, qui a touché jusque-là une dizaine de villes, a été déclenché le 19 décembre par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, dans un pays en plein marasme économique.
Selon des responsables et des témoins, les manifestations ont fait au moins huit morts ‑ six à Al-Gadaref (est) et deux à Atbara (est) ‑ lors de heurts avec les forces anti-émeute. Mais des bilans plus lourds ont été évoqués. Le chef du principal parti d’opposition, Sadek Al-Mahdi, a estimé à 22 le nombre de morts, dénonçant la «répression armée» des autorités.
Face à cette répression terrible, Amnesty International a appelé les autorités à «mettre fin à cet usage meurtrier de la force et empêcher de nouvelles effusions de sang inutiles».
Au sixième jour de manifestations, le président Omar Al-Bachir a promis lundi aux Soudanais de «vraies réformes pour garantir une vie digne aux citoyens». Il s’agit de la première réaction du Président soudanais, au pouvoir depuis 1989, au mouvement de contestation sociale qui touche plusieurs villes du pays dont la capitale.
«L’Etat va entreprendre de vraies réformes pour garantir une vie digne aux citoyens», a déclaré Al-Bachir, 74 ans, lors d’une réunion avec les chefs des services de sécurité et des renseignements, selon l’agence de presse officielle Suna. «J’appelle les citoyens à ne pas croire ce que disent» les leaders du mouvement, a-t-il ajouté.
Le parti au pouvoir du Congrès national avait affirmé plus tôt comprendre la colère de la population face à la mauvaise situation économique. Mais son porte-parole, Ibrahim Al-Sadik, avait aussi accusé «les partis de gauche qui souhaitent déstabiliser l’appareil d’Etat» et Israël d‘être à l’origine de ces protestations. Une grève a débuté lundi à l’appel d’un rassemblement de professionnels de différents secteurs après cinq jours de manifestations. Les hôpitaux ont été les premiers à rejoindre ce mouvement. Après les premières revendications contre la cherté de la vie, des rassemblements populaires ont été ponctués du slogan «Le peuple veut la chute du régime», tiré du Printemps arabe de 2011.
S. S.
Comment (9)