Mauvais élèves
Par Sadek Sahraoui −Le général Vo Nguyên Giap, immense héros de l’indépendance du Vietnam, disait du colonialisme qu’il était un «mauvais élève». Malgré les défaites cuisantes qu’elles ont enregistrées un partout dans le monde dans le courant du XXe siècle, les puissances occidentales sont toujours mues au XXIe siècle par le même désir de conquête, ainsi que le montrent les exemples libyen et syrien. Cela à la seule différence que les guerres coloniales d’aujourd’hui sont plus sournoises… plus subtiles.
Tout le monde le constate et le reconnait : l’argument de la libération des peuples du joug de dictateurs sanguinaires avancé par les Occidentaux pour projeter leurs forces à des milliers de kilomètres de chez eux n’a été en réalité qu’un prétexte pour casser des pays afin de mettre la main sur leurs ressources naturelles ou les empêcher de se donner les moyens de s’émanciper.
En dépit des moyens militaires colossaux dont elles disposent, ces puissances − auxquelles certaines nations jadis cataloguées comme tiers-mondiste commencent à ressembler − ne parviennent toujours pas à faire mieux que leurs sinistres aïeux. La détermination des peuples et des nations à survivre, à résister et à faire face à l’adversité est à l’évidence plus forte.
En décidant de rappeler à la maison ses soldats stationnés en Syrie, le président américain a effectivement dû se rendre à l’évidence qu’il n’est pas possible de coloniser un peuple qui n’a pas une mentalité de colonisable. Aussi, le départ des troupes américaines de l’ancien Cham renvoie-t-il aussi à la crainte de la Maison-Blanche d’être confrontée à une nouvelle «guerre du Vietnam» au Proche-Orient et en Extrême-Orient, une région où les Marines ont déjà enregistré d’importantes défaites stratégiques.
L’establishment militaire américain n’est semble-t-il pas du même avis. A la manière dont il a réagi à la décision de Trump, il doit certainement estimé comme dépassés les propos du général Vo Nguyên Giap. En réalité, cette réaction ne fait que conforter l’illustre officier vietnamien dans son raisonnement. Le colonialisme − comme l’impérialisme− est aveugle. Il faut s’attendre donc à ce qu’il y ait d’autres guerres coloniales. C’est même une certitude. Il revient juste aux peuples placés dans la ligne de mire de ne pas fournir aux nouveaux colonisateurs le bâton avec lequel on compte les frapper.
S. S.
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