Hadjar : «La France a utilisé la question amazighe pour saboter l’arabisation»
Par Said N. – Lors d’une conférence animée cette semaine à Tunis, l’actuel ambassadeur d’Algérie en Tunisie et ancien président de la Commission nationale d’arabisation dans les années 1970, Abdelakder Hadjar, s’est de nouveau attaqué au Mouvement culturel berbère, en considérant que «c’est la France qui a manipulé le courant francophone et utilisé la question berbère» pour tenter d’empêcher la mise en œuvre de la décision d’arabiser l’école fondamentale et les sciences humaines à l’université, prise, selon lui, en décembre 1979.
Une déclaration pour le moins audacieuse, sortie de la bouche d’un diplomate en exercice sur une question tranchée par l’Etat de façon définitive, par la reconnaissance de la langue amazighe comme langue nationale et officielle.
«Lorsque le printemps amazigh a éclaté dans la wilaya de Tizi Ouzou (le 20 avril 1980, ndlr), raconte Hadjar, j’étais membre de la Commission de l’éducation et de la culture. Celle-ci avait élaboré un projet d’arabisation de l’administration dans tous les secteurs et défini toutes les phases, moyens et modalités de cette opération. Les membres de la Commission s’étaient déployés à travers toutes les wilayas. Le texte était fin prêt avant les événements de Tizi Ouzou. Mais cela a eu un effet sur le pouvoir. C’est pourquoi le projet d’arabisation de l’administration n’a pas été publié. Il est resté gelé jusqu’à la loi de 1991 de l’Assemblée populaire nationale.»
Retraçant, ensuite, les différentes étapes du processus d’arabisation en Algérie, l’ex-président de la Commission nationale d’arabisation et ex-rapporteur du Haut Conseil de la langue arabe, a pointé des «résistances tenaces» à l’intérieur du système politique qui intervenaient, selon lui, à chaque occasion pour ajourner l’application de la loi sur la généralisation de l’utilisation de la langue arabe mais sans citer aucun nom.
S. N.
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