Nouveaux billets de banque : l’Algérie retourne à ses origines amazighes
Par Houari A. – Tout un symbole. Les nouveaux billets que la Banque d’Algérie s’apprête à mettre en circulation verront l’image d’un roi numide rehausser le papier fiduciaire. Tout en maintenant l’Emir Abdelkader, fondateur de l’Etat algérien moderne, les autorités politiques ont voulu faire suivre les dernières évolutions en matière de réhabilitation de tamazight par un geste fort : redonner à Jugurtha la place qui est la sienne dans la nation algérienne.
Le président Bouteflika avait décidé, rappelle-t-on, d’officialiser tamazight et le Nouvel An amazigh que les Algériens s’apprêtent à fêter bientôt. Une mesure qui avait été saluée par l’ensemble des Algériens, hormis une poignée de baâthistes endurcis et de racistes à l’image de la députée d’obédience islamiste Naïma Salhi.
Ce retour aux sources est le fruit de longues années d’un combat acharné mené par des militants de la cause amazighe et de chercheurs universitaires qui, bien avant l’indépendance du pays, se sont attelés à sortir ce patrimoine de l’oubli à travers des études académiques. La reconnaissance tardive de cet élément constituant le véritable socle de la nation algérienne avait été précédée par des mesures timides mais qui annonçaient une évolution positive dans le sens d’une réhabilitation totale de ce qui constitue l’identité première du peuple algérien, arrimé, bien malgré lui, au Moyen-Orient.
Avec l’effigie de Jugurtha sur les billets de banque algériens, l’Algérie fait un pas supplémentaire sur la voie de la reconnaissance de soi. L’héroïsme et l’intelligence du roi numide Jugurtha sont reconnus, y compris par ses adversaires romains qui le décrivaient comme un «guerrier brave jusqu’à la témérité, menant des opérations de guérilla dans lesquelles il excelle mais n’hésitant pas à engager de vraies batailles, comme il l’avait appris des Romains en Espagne, sachant en même temps conduire une diplomatie complexe».
H. A.
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