Quand les Arabes supplient la Syrie de revenir à la Ligue arabe
Par R. Mahmoudi – De plus en plus de capitales arabes se disent prêtes à rétablir leurs relations diplomatiques avec Damas, après huit dans d’isolement et de campagnes d’hostilité ininterrompues, suivies de soutien actif et massif à l’insurrection armée visant le renversement du gouvernement syrien et l’installation d’un régime islamiste à sa place.
Cela a commencé par de petits gestes, des rencontres informelles entre des responsables d’un certain nombre de pays, comme l’Egypte, la Jordanie, le Bahreïn ou le sultanat d’Oman, et des représentants du gouvernement de Damas. Puis, il y a eu la proposition du président tunisien, Béji Caid Essebsi, de faire front avec l’Algérie pour demander l’admission de la Syrie au prochain Sommet arabe prévu en mars à Tunis. Essebsi a même délégué, il y a une semaine, un de ses conseillers à Alger pour présenter son initiative au président Bouteflika. Mais vite, le vice-président de la Ligue arabe, l’Egyptien Houssam Zaki, est intervenu pour déclarer qu’il n’existait (jusque-là) aucun consensus arabe autour de cette question de la levée du gel de l’adhésion de la Syrie à la Ligue arabe.
Le processus de réhabilitation de la Syrie s’est brusquement accéléré suite à l’annonce surprise du retrait définitif des troupes américaines en Syrie, le 19 décembre dernier. Une décision qui, pour les capitales arabes qui avaient soutenu «la rébellion», signait la fin de la guerre et la victoire finale de l’armée syrienne. Même si, pour les Abou Dhabi, Le Caire et Riyad, c’est aussi l’occasion d’abattre les dernières cartes de leurs ennemis communs, les Frères musulmans, financés et soutenus par Doha et Ankara.
Les premiers à faire le pas sont les Emiratis. Ils se sont engagés à rouvrir bientôt leur ambassade à Damas, sans conditions. Tous les pays du Golfe, y compris la monarchie saoudienne, sont prêts à leur emboîter le pas. Le grand tournant fut la visite effectuée par le président soudanais, Omar El-Bachir, à Damas, la première d’un chef d’Etat arabe depuis le début de la guerre dans ce pays en 2011. Des sources concordantes affirment que Omar El-Bachir était parti en éclaireur, et qu’il était porteur d’une initiative approuvée par les principales capitales arabes. Ces efforts risquent toutefois d’être interrompus par les violences qui ont éclaté au Soudan depuis une semaine.
Après cette visite du chef d’Etat soudanais, la Tunisie prend l’initiative d’accueillir sur son tarmac, pour la première fois depuis 2011, un vol de la compagnie aérienne syrienne. Un geste qui prélude au rétablissement des relations entre les deux pays.
Il faut rappeler que seuls deux pays de la Ligue arabe ont maintenu leurs relations avec la Syrie. Il s’agit de l’Algérie et le sultanat d’Oman.
R. M.
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