Benflis : «Il y a deux scénarios possibles pour la prochaine présidentielle»
Par Hani Abdi – Le président de Talaie El-Houriyet, Ali Benflis, qualifie d’abus de pouvoir toute nouvelle révision de la Constitution à la veille d’une échéance électorale aussi capitale que la présidentielle. «Dans l’absolu, la révision de la Constitution est tout à fait possible sauf pour les matières qui ne peuvent faire l’objet d’une révision et qui sont listées à l’article 212 de la Constitution. Ce qui fait problème, c’est la légèreté et la fréquence des révisions constitutionnelles qui introduisent un facteur d’instabilité constitutionnelle. Ce qui fait problème, c’est la méthode du coup de force utilisée faute d’un consensus politique minimum et la marginalisation du peuple souverain. De ce fait, une révision constitutionnelle dans le contexte politique actuel est politiquement, pour ne pas dire moralement, tout à fait injustifiée et constitue un abus de pouvoir caractérisé», affirme Ali Benflis, deux fois candidat à la présidentielle, dans un entretien accordé au quotidien francophone Liberté.
Le président de Talaie El-Houriyet évoque deux scénarios possibles et plausibles pour la prochaine présidentielle. Le premier est qu’il y ait «un scrutin honnête, à son échéance constitutionnelle, donnant la parole au peuple souverain, débouchant sur une opportunité historique d’une alternance pacifique par les urnes, ouvrant la voie à l’instauration graduelle d’un système démocratique et d’un Etat de droit ». Le second est «une reconduction irresponsable du système politique en place par la fraude et la confiscation de la volonté populaire qui plongera notre pays dans l’inconnu».
Pour le chef du parti d’opposition, la prochaine présidentielle «n’est pas une élection ordinaire. Elle marque le terme d’un mandat qui s’achève dans le désordre et les turbulences que nous connaissons aujourd’hui». «Elle peut être une opportunité historique pour une alternance salutaire pour notre pays, comme elle peut être l’occasion d’un coup de force pour assurer la continuité», estime Benflis, qui considère que le statu quo actuel qui assure la pérennité du régime arrange uniquement «les forces extraconstitutionnelles qui en profitent et se font de plus en plus arrogantes».
Ali Benflis ne manque pas de s’interroger sur l’initiative d’Amar Ghoul, président de TAJ et membre de l’alliance présidentielle. Il considère que les rapports de forces au sommet du pouvoir ne sont pas figés. Ils évolueront en fonction de la conjoncture politique, dit-il. Le président de Talaie El-Houriyet précise que les divergences entre les différents cercles au pouvoir «ne sont pas de nature idéologique mais d’intérêt, qui s’effacent lorsqu’il s’agit de défendre la pérennité du régime politique en place». Il estime que «l’absence d’une autorité au sommet qui incarne, effectivement, la représentation de l’Etat et de la nation à l’intérieur et à l’extérieur du pays a eu comme conséquence le délitement des institutions».
Benflis assure que son parti ne croit nullement à l’homme providentiel. L’ancien chef du gouvernement souligne que «la Présidence actuelle est devenue un facteur d’instabilité et un frein au développement». «Elle a conduit le pays vers l’impasse», affirme-t-il.
H. A.
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