Le président syrien met Erdogan, Hariri et Al-Qaradawi sur la liste noire
Par R. Mahmoudi – En réplique à la série de «listes noires» publiées, depuis 2016, par les régimes saoudien et qatari, une instance syrienne dite de «lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme», mise en place à Damas, vient de rendre publique une liste comprenant 615 personnes et 105 entités diverses.
S’appuyant sur les résolutions 1267 et 1373 du Conseil de sécurité de l’ONU, l’instance syrienne annonce que les personnes citées sont issues de 30 nationalités différentes, et que les entités ciblées (des associations, des ONG, des institutions et des agences) sont réparties à travers 12 pays dont, bien évidemment, des pays arabes.
Selon ce rapport, les Syriens constituent 58,5% des personnes blacklistées, suivis des Saoudiens (10,9%), des Libanais (6,8%) et des Koweitiens (5%). Il s’agit en grande partie d’hommes politiques, de religieux, d’hommes d’affaires et d’universitaires, accusés d’avoir contribué au financement du terrorisme et à l’incitation à la violence et à la subversion en Syrie. Parmi les noms célèbres cités dans le rapport, on trouve le président turc, Reccep Tayyip Erdogan, l’ancien Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, le chef du gouvernement libanais, Rafic Hariri, l’ancien chef des phalangistes libanais Samir Gaegae.
Parmi les Egyptiens, vient en tête le guide spirituel des Frères musulmans, Youssef Al-Qaradaoui. La liste comprend également les noms d’Irakiens connus pour leur compromission avec la subversion armée anti-chiite, à l’image de Harith Al-Dhari, et un des chefs de la milice kurde, qui n’est autre que le fils de Messaoud Barazani.
Le rapport implique aussi des personnalités koweitiennes, à l’exemple du ministre de la Justice, Chafi Al-Ajmi, d’un ambassadeur et de neuf députés affiliés aux Frères musulmans.
Des artistes et des hommes d’affaires syriens installés depuis longtemps à Dubaï sont également accusés de soutien financier au terrorisme en Syrie.
Il va sans dire que la publication de cette liste a une portée plutôt symbolique que juridique, puisque les initiateurs savent pertinemment qu’elle ne sera pas prise en considération par les Nations unies, bien qu’elle remplisse toutes les conditions légales et procédurales. Ils visent essentiellement à rappeler à la communauté internationale, maintenant que la guerre en Syrie arrive à sa fin, la lourde responsabilité d’un certain nombre de pays voisins dans l’entreprise de destruction de ce pays.
R. M.
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