La chaîne subversive Al-Jazeera dans le collimateur du Congrès américain
Par Sadek Sahraoui – Les jours de la chaîne islamiste Al-Jazeera aux Etats-Unis paraissent comptés. Les responsables américains envisagent d’appliquer à la chaîne qatarie, qui a soutenu durant les années 1990 les groupes terroristes algériens, une nouvelle loi exigeant aux chaînes de télévision et autres médias étrangers diffusant aux Etats-Unis de faire connaître l’origine de leurs sources de financement.
La loi, introduite l’année dernière, oblige les chaînes de télévision appartenant à des étrangers et diffusant en Amérique à s’enregistrer et à déposer des rapports réguliers auprès du régulateur américain des médias, la Federal Communications Commission (FCC). Les rapports en question doivent inclure des informations sur le financement et le contrôle opérationnel exercés par les sociétés mères à l’étranger. Pour le moment, cette loi ne s’applique bizarrement qu’aux médias russes. Les chaînes qataries ont jusque-là été épargnées par ces nouvelles obligations.
Partant de ce constat, un groupe de membres républicains du Congrès ont accru la pression sur Al-Jazeera au cours de l’année écoulée à la suite de la circulation d’informations l’accusant de propager de la propagande terroriste et de défendre les intérêts du gouvernement qatari, a rapporté le site américain Daily Beast.
Lee Zeldin, porte-parole de ce groupe de congressistes républicains, s’est dit favorable à tout effort visant à forcer la chaîne à révéler les détails de ses relations avec le gouvernement qatari. «Je soutiens l’idée d’obliger Al-Jazeera à rendre des comptes et à nous dire pour qui elle roule», a-t-il martelé. Le congressiste américain s’est dit également favorable pour que la FARA, loi adoptée en 1938 et qui oblige les lobbyistes des gouvernements étrangers travaillant aux Etats-Unis à divulguer des détails sur leurs opérations, soit appliquée pour tous ceux qui défendent aux Etats-Unis les intérêts de la chaîne qatarie.
«Cette mesure, si elle est mise en œuvre, révélera l’étendue de l’intervention et de l’influence que le Qatar a exercées dans les milieux politiques et les médias américains», a déclaré au Daily Beast l’analyste des médias égyptien Abdellatif El-Menawy. «Si Al-Jazeera avait été contrainte de divulguer ses transactions financières, tout le monde aurait eu un aperçu des méthodes qu’utilise le Qatar pour acheter des soutiens politiques.» «Cela confirmera également ce que nous disons depuis de nombreuses années : Al-Jazeera ne peut être considérée comme un simple média mais comme un outil entre les mains d’un système politique qui réalise des objectifs politiques», a-t-il ajouté.
Un assistant républicain dit militer, pour sa part, pour que la mesure soit élargie aux autres médias qataris. «Les Qataris exploitent également des sites internet comme Middle East Eye et d’autres plates-formes numériques. Nous sommes en droit de savoir qui est derrière tous ces médias. Pour le moment c’est le flou total», a-t-il regretté.
Dans une lettre adressée, en avril dernier, à Jeff Sessions, procureur général, 17 sénateurs républicains, dont le sénateur Ted Cruz, ont dit ne pas comprendre comment Al-Jazeera a pu échapper à la loi. «Nous trouvons troublant de constater que le contenu produit par ce réseau porte souvent atteinte directement aux intérêts américains grâce à une couverture favorable à des organisations étrangères désignées par le département d’Etat américain comme terroristes», avaient-ils écrit dans leur missive. «Le bilan d’Al-Jazeera, en termes d’émissions radicales anti-américaines, antisémites et anti-israéliennes justifie un examen minutieux de la part des régulateurs afin de déterminer si ce réseau est en violation du droit américain», avaient-ils estimé.
S. S.
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