Les deux derniers membres de l’ALN en poste ou la fin de la légitimité historique
Par Bachir Medjahed – Deux seules institutions de souveraineté peuvent partager la décision portant sur les orientations politico-économiques du pays. Ce sont la présidence de la République et le ministère de la Défense nationale. Nous ne sommes plus à l’époque de la suprématie de l’une sur l’autre. Pourquoi les regards se portent-ils vers ces deux institutions uniquement, signifiant par là que les autres sont incapables d’exercer la moindre autonomie en matière de décision ?
Le «hasard» a voulu que Bouteflika et Gaïd-Salah aient la responsabilité de l’épuisement de la légitimité historique et la plus lourde responsabilité d’influer sur la nature de celle qui va lui succéder.
Comme toujours, le débat trouve les obstacles qui le dévient et en assèchent le contenu. Un général à la retraite interroge la personne physique qui est en charge de l’état-major. Une personne tierce, professeur d’université, se substitue à ce dernier pour répondre à l’interrogateur. Par qui est-il mandaté ? De la même façon, la même question est posée dans Algeriepatriotique à l’égard du colonel du DRS qui a lourdement chargé son ancien supérieur. Chacun avance caché. Qui parle au nom de qui ? Décidément, le «qui est qui» oriente bien des constructions de phrases qui se prétendent des analyses.
Pourquoi l’histoire est-elle transformée en histoires ?
Bouteflika a inauguré ce qu’on appelle le système. Le système est d’abord dû au fait que c’est l’ALN qui a créé l’Etat et non l’inverse. Cela a nécessité la durée. Combien de temps ? Le temps qu’il faut, pas une minute de plus. Il reste encore du temps, mais on se rapproche de la fin.
Dans un discours prononcé au siège du MDN, devant un parterre d’officiers supérieurs, le Président avait tenu à préciser que quand lui était commandant, «la plupart des officiers généraux n’avaient pas dépassé le grade de lieutenant». Il se trouve que le hasard de l’histoire finissante de la génération combattante a placé pratiquement les deux plus anciens officiers de l’ALN à la tête des plus grandes institutions garantes de la souveraineté nationale.
Ces deux institutions sont à la fois objets et sujets de la scène politique.
Quelle menace pourrait peser sur la «stabilité» ou la continuité du pouvoir dans le double contexte où le verrouillage mesuré du champ politique a endigué l’influence de l’opposition et où les partis de l’opposition préfèrent investir inefficacement dans les actions isolées en dédaignant les actions concertées ? Alors, pourquoi l’opposition s’agite-t-elle et le pouvoir s’inquiète-t-il tant ?
Pour la première fois, il y a dans l’air des raisons de suspicion et d’inquiétude par rapport au fait que la légitimité historique est réellement en finition à la tête des institutions de la Présidence et de la Défense nationale.
Continuité ou rupture ? Continuité par rapport à quoi et à qui et rupture avec qui et avec quoi ? Continuerons-nous à vivre des situations où toutes les légitimités seront en discussion et où aucun candidat «élu» ne bénéficiera d’une période de grâce ?
B. M.
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