Scandales, émeutes : la France de Macron se dirige vers l’inconnu
De Paris, Mrizek Sahraoui – Dès l’entame de son mandat, Emmanuel Macron «avait entrepris de dessiner, jour après jour, les contours non pas d’une sixième mais d’une nouvelle République façonnée à (son) image, à travers une gouvernance centrée et réglée sur le mode pensée unique, la sienne, et concentrée autour d’un cercle de décision très restreint, un noyau fidèle et dur d’une élite de technocrates au service du Président sachant tout, totalement déconnecté, en revanche, de la dureté des réalités de la vie des petites gens, neutralisant, de facto, tout contre-pouvoir», ont accusé des observateurs de la vie politique française, au lendemain de la traditionnelle allocution du 31 décembre, «un discours à la limite de l’insulte», s’est-on indigné du côté des Gilets jaunes, «des agitateurs et des porte-voix d’une foule haineuse», selon Macron, une affirmation perçue comme une nouvelle provocation qui n’est pas tombée dans le creux d’oreilles sourdes et qui ne manquera pas d’attiser la colère à l’état latent.
Tout au début, déployant une énergie hors du commun, Macron, donnant le tournis, est en Allemagne pour les obsèques de Helmut Kohl, puis s’envole au Mali pour superviser l’opération Barkhane, avant de haranguer le Congrès à Versailles, le tout en moins de 48 heures. Il avait réussi à imposer le tempo, s’attirer les faveurs de la galaxie médiatique et jouir d’une popularité sans cesse croissante, souligne-t-on encore.
Seulement voilà, le macronisme n’a pas tardé à manifester ses limites. Tout a commencé avec l’affaire Benalla et se poursuit avec le mouvement des Gilets jaunes. Sous l’ère Macron, la République tolère, voire protège les dérapages d’un vigile proche du Président qui a nargué, et même insulté, des sénateurs, tout en se pavanant à travers le monde avec deux passeports diplomatiques.
L’ère Macron diabolise un mouvement réclamant simplement l’équité et la juste répartition des richesses, détenues, il faut le savoir, par 10% des familles les plus riches. Fait inédit, la République réprime : 4 600 interpellations et 220 condamnations opérées à la suite des sept week-ends de mobilisation des Gilets jaunes.
La police des polices suit l’affaire des 43 cas de violences policières. Le Parlement crée des commissions d’enquête sans pour autant enquêter. Au moment où le Président fait ses vœux à la nation, un décret durcissant les règles d’indemnisation du chômage est publié, faisant des chômeurs, les derniers de cordée, des fraudeurs invétérés.
La République, selon Macron, se gouverne, désormais, par un grand débat dont personne ne sait qui dira et qui décidera de quoi.
Le huitième acte est prévu ce samedi. La République, res communis, se dirige vers l’inconnu.
M. S.
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