Contribution de Bachir Medjahed – Pourquoi le pouvoir résiste toujours
Par Bachir Medjahed – Œuvrer à sa propre défaite, à sa propre exclusion du champ du partage du pouvoir, sera partout dans le monde considéré comme procédant du suicide politique.
Dans quels pays au monde le pouvoir en place passerait-il la main de gaité de cœur à l’opposition, applaudirait à la victoire électorale de l’opposition et promettrait même de soutenir la mise en œuvre du programme adverse ? Pour en rester au niveau des questions, faudrait-il être assez naïf pour croire qu’il est possible que ceux qui sont au pouvoir vont changer complètement les règles du jeu politique pour finir par perdre le pouvoir en faveur de ceux qui se mettent en position de le cueillir, c’est-à-dire l’opposition ?
Saïd Sadi disait, quand il était prolifique sur le plan de phrases se voulant assassines, que le système ne pourra pas se réformer de l’intérieur. Il avait quand même rejoint cet «intérieur» avant d’en sortir avec la même conviction. Alors ? Le réformer de l’extérieur? Là encore, l’opposition demeure impuissante et il apparaît qu’elle le demeurera encore pour très longtemps.
En viendrions-nous un jour à réfléchir «rupture» alors que de tout temps on ne réfléchit que «continuité» ? Ceux qui, à partir de l’opposition ou simplement de positions d’observation, croient savoir à chaque élection, présidentielle surtout, qu’il est inévitable que cette fois-ci les décideurs vont réfléchir «rupture» se rendent compte qu’en réalité, la tendance, une fois de plus, ira vers la continuité.
Qu’on ne se trompe pas. Ceux qui y sont veulent y rester et ceux qui n’y sont pas veulent y être. Ceux qui y sont veulent affaiblir les autres, c’est-à-dire ceux qui sont dans l’opposition. Ils l’ont déjà fait, ne serait-ce qu’en refusant d’accorder la légalité aux partis que l’opposition veut créer. Quant à l’opposition, elle a tenté d’affaiblir le pouvoir, de le décrédibiliser, de lui faire perdre les élections, mais, bien sûr, en vain.
Ni par les urnes, ni par les attentats, ni par les tentatives de déstabilisation, ni par les implications du phénomène des harraga, ni par celui des kamikazes, ni par les implications de la crise financière internationale, ni par les implications de la récession économique des grandes puissances, ni par tout ce qui a été mis au point par l’opposition pour le faire chuter, le pouvoir tient bon, s’accroche, et il devient de plus en plus visible que l’opposition n’a pas acquis les capacités requises pour en venir à bout.
Des scénarios plausibles pour un retrait du pouvoir ne semblent pas du tout exister.
B. M.
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