Effet domino
Par Sadek Sahraoui – Contrairement à ce que pourrait penser l’opinion, le Sahel ne s’est jamais autant mal porté. La situation qui y prévaut actuellement est des plus inquiétantes.
En plus d’être confrontés au péril terroriste, les pays de la région commencent à sombrer l’un après l’autre dans les conflits intercommunautaires. Après le Mali et le Nigeria, c’est maintenant au tour du Burkina Faso de connaître de sanglantes batailles rangées entre les communautés Mossi et Peule.
Les attaques contre les Peuls, accusés bien sûr à tort de pactiser avec les terroristes d’Aqmi, se sont multipliées ces derniers temps. La dernière en date a fait une quarantaine de morts. Elle s’est produite la semaine dernière et a eu pour théâtre la petite localité de Yirgou.
Il y a cinq ou six ans, il était impensable que de telles exactions puissent avoir lieu dans ce pays cité en exemple pour sa tolérance et la cohabitation pacifique et multiséculaire de la multitude de ses ethnies et de ses croyances.
Si les pouvoirs en place dans les pays de la région ne s’emploient pas très vite à casser le cercle vicieux de ces conflits intercommunautaires et de ces cycles de représailles, il y a malheureusement lieu de s’attendre à ce que le Sahel sombre dans ce qu’il conviendrait d’appeler une guerre civile. Cela ne ferait évidemment qu’arranger les intérêts des nombreux groupes terroristes qui pullulent dans la région et dont l’objectif justement est de précipiter ce genre de pays dans le chaos. Il ne serait d’ailleurs pas étonnant de découvrir que ces conflits intercommunautaires aient été sciemment provoqués par les terroristes pour créer une situation qui favoriserait leurs dessins funestes.
Aussi, le conseil est en premier lieu destiné au pouvoir politique malien qui donne encore l’impression de trainer les pieds dans la mise en œuvre de l’accord de paix au Mali. Pourquoi le Mali en premier ? Il apparaît très clairement que la stabilité du Sahel dépend de celle du Mali. Les remous que connaît actuellement le Burkina Faso n’est que la conséquence du désordre généralisé qui a régné et qui règne encore dans ce pays voisin. C’est ce qu’on appelle l’effet domino.
S. S.
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