Eviction du wali de M’sila après l’affaire Ayache : coupable ou bouc émissaire ?
Par Kamel M. – L’annonce sibylline du limogeage du wali de M’sila, plusieurs jours après la mort tragique du jeune Ayache Mahdjoubi, suscite des interrogations. Le communiqué de la présidence de la République ne précise pas les raisons de la mise à l’écart de ce haut fonctionnaire qui avait été pris pour cible dès les premiers jours du drame qui avait ébranlé cette wilaya, attristée par le malheureux accident qui a coûté la vie à un de ses enfants dans des conditions terribles.
D’emblée, il paraît évident que la décision de la présidence de la République de mettre fin aux fonctions du wali intervient après les conclusions de l’enquête diligentée par les plus hautes autorités du pays qui avaient délégué des représentants à M’sila pour s’enquérir de la situation sur place. Mais la réaction hostile des habitants de cette localité, qui avaient exprimé leur colère en tentant d’empêcher les officiels dépêchés d’Alger de faire leur travail in situ, était un indicateur clair que les représentants locaux de l’Etat étaient pointés du doigt.
Y a-t-il eu négligence de la part du wali qui s’était pourtant déplacé sur le lieu du drame et a supervisé personnellement les gigantesques efforts déployés par la Protection civile pour extraire le jeune bloqué au fond d’un puits abandonné ? La Présidence veut-elle, à travers cette décision radicale, calmer les esprits et étouffer dans l’œuf un vent de colère qui ne semble pas s’être calmé plusieurs jours après l’enterrement du jeune Ayache Mahdjoubi ?
Dans le premier cas comme dans l’autre, le wali de M’sila est victime de sa fonction. Quand bien même il n’aurait commis aucune faute dans la gestion de ce dossier politisé à outrance, le sort de Hadj Mokdad était scellé au moment même où le corps sans vie du jeune Ayache était remonté de l’excavation. Une polémique s’en était suivie entre la famille du défunt et le premier responsable de la wilaya, et certains médias, outre les réseaux sociaux, s’étaient emparés de cette affaire qui avait provoqué l’indignation d’une partie de l’opinion publique convaincue que «tout n’a pas été fait» pour sauver le jeune pris au piège après sa chute mortelle.
La surmédiatisation de cet événement tragique a fini par coûter son poste au wali qui paye ainsi de sa personne pour éviter que la situation dégénère dans une région du pays – le Sud – devenue, ces dernières années, un foyer d’instabilité en raison des sérieuses menaces d’ordre sécuritaire, des flux incessants de migrants subsahariens et arabes et de contestations sociales que des cercles malveillants tentent à chaque fois de récupérer à des fins inavouées.
K. M.
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