Le sociologue Nacer Djabi interdit d’animer une conférence sur les mouvements berbères
Par Hani Abdi – Le sociologue et enseignant universitaire à la retraite Nacer Djabi n’a pas pu animer une conférence-débat sur les mouvements berbères à l’université de Batna. Après avoir animé une première conférence samedi au théâtre régional de la même wilaya, Nacer Djabi a été empêché de donner sa deuxième conférence intitulée «Les mouvements amazighs en Afrique du Nord, les élites, les formes d’expression et les défis».
Le sociologue a reçu dans la journée un refus catégorique de la part du rectorat de l’université, invoquant des raisons sécuritaires. Djabi allait présenter et débattre de son dernier livre écrit sur les Berbères en Afrique du Nord et leurs instruments de lutte. Cette interdiction a suscité de vives réactions de dénonciation et d’incompréhension chez de nombreux citoyens.
Ce n’est pas la première fois que Nacer Djabi est interdit de conférence à l’université. En décembre 2017, il avait été exclu d’une conférence-débat à laquelle il devait participer à l’université d’Alger 3. Il devait animer une conférence sur les élections, à la faculté des sciences politiques.
Nacer Djabi est connu pour ses positions politiques et ses critiques sans concession contre le régime. Alors qu’il était encore enseignant-chercheur au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread), Nacer Djabi avait pris position contre le 4e mandat.
Dénonçant le chaos régnant à l’université, il estime que «l’université n’est plus réformable et sa situation va se détériorer davantage avec le temps». «Les agressions contre les enseignants et la violence au sein de l’enceinte universitaire, par exemple, vont croître et se développer car les conditions objectives et subjectives qui y conduisent sont réunies dans la majorité des institutions, même à des degrés divers», avait-il affirmé dans une tribune dans laquelle il expliquait les raisons qui l’avaient poussé à quitter l’université en faisant valoir son droit à la retraite. Il avait ajouté que «le niveau d’instruction des étudiants et des enseignants va se dégrader davantage et les différentes formes de corruption vont prendre des dimensions industrielles».
H. A.
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