Le temps politique
Par Bachir Medjahed – On a l’impression que l’enjeu du débat actuel n’est pas perçu de façon convergente ou alors on continue tous à faire de la politique tandis que nous sommes à une étape historique. Le président de la République avait dit que nous allions faire un autre 1er Novembre alors qu’en réalité nous allons faire un nouveau 1962. En 1954, on n’avait pas d’Etat alors qu’en 1962 on avait conquis le droit à le construire.
En 1962, on avait l’ALN comme seule force capable de s’imposer et d’imposer pour la durée de toute une génération, alors qu’aujourd’hui, c’est ce qui reste de l’ALN qui porte sur les épaules le lourd fardeau historique de corriger ce qui a été mal fait en 1962, ce qui avait conduit à la situation d’impasse que nous connaissons aujourd’hui.
La société de 1962 a beaucoup changé. Elle voulait la paix et le «oui» ne désignait ni les hommes ni les partis qui devaient diriger. Ceux qui s’étaient saisis du pouvoir n’avaient pas en tête sa durée. Leur pouvoir finirait avec eux et il leur appartenait d’en passer le flambeau. Aujourd’hui, ce temps frappe à la porte. A quelle porte ? Celle de la présidence de la République et celle de la Défense nationale ?
Que faudrait-il faire ? Aller directement vers un cinquième mandat est possible et faisable mais, à moins de se donner la possibilité de créer un ou deux postes de vice-président, nous aurons une situation plus aggravée, d’autant que la situation économique ne nous permettra pas de dire que nos lendemains seront enchanteurs.
Or, le temps politique commencé en 1962 ne correspond pas au temps électoral. C’est la décennie noire et la classe politique qui ont allongé le temps politique.
Normalement, une élection clôture une fin de transition et ne l’ouvre pas. Sommes-nous dans une phase de transition qui poursuit son processus d’avancement, une phase de transition qui n’a pas encore réellement commencé ou une phase déjà consommée ? La réponse dépend de la distance au pouvoir de son auteur.
Que l’on soit dans le camp du pouvoir, dans celui de l’opposition ou ni dans l’un ni dans l’autre, les réponses ne seront jamais les mêmes. Elles ne traduiront pas des convictions mais des intérêts.
Le Président et le chef d’état-major proviennent du même corps, du même passé, presque du même vécu et les voilà à détenir ensemble le pouvoir de décider de ce que sera l’avenir du pays.
C’est bien le champ politique ouvert avec des élections libres et sans problèmes majeurs qui constitue l’espace de légitimation.
B. M.
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