Affaire du film osé : la justice française sauve l’honneur de Saoud Al-Fayçal
Par Sadek Sahraoui – L’honneur de la famille du défunt ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud Al-Fayçal est sauf. Ainsi l’a, en tout cas, voulu la justice française. Le prestataire, qui réclamait en justice le paiement des frais de tournage d’un film osé qu’il disait destiné au défunt Saoud Al-Fayçal a finalement été débouté ce jeudi par le tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre, près de Paris.
Ce dernier a estimé que la société Atyla n’avait pas fait la démonstration de l’existence d’un contrat avec la SCI Bugeaud, détenue par plusieurs membres de la famille de Saoud Al-Fayçal, justifiant que celle-ci lui aurait commandé des prestations à caractère osé et notamment la réalisation d’un film de cette nature.
Le tribunal a condamné Atyla à payer 5 000 euros de dommages et intérêts à la SCI pour un préjudice d’image, après la diffusion d’articles de presse sur cette affaire à travers le monde. La SCI était accusée par Atyla de ne pas avoir réglé 90 000 euros avancés par cette dernière pour le tournage d’un film assez pimenté, réalisé avec la maîtresse présumée de l’ancien ministre des Affaires étrangères saoudien décédé en juillet 2015.
A l’audience le 15 novembre dernier, l’avocat de la SCI avait dénoncé une «tentative d’escroquerie au jugement», demandant 100 000 euros de dommages et intérêts. «Justice a été rendue», a réagi l’avocat, Me Bouchez El-Ghozi, jeudi. «On a attendu [le décès de Saoud Al-Fayçal] pour, quelques mois après, salir sa mémoire, en proférant des accusations mensongères», a-t-il affirmé, qualifiant la décision de «cinglante».
Celui d’Atyla, Me Ivan Itzkovitch, a dit ne pas être «surpris» par la décision. «La nature même de la prestation faisait (…) qu’il y avait absence de contrat», a-t-il estimé. «Ce qui est dommage, c’est que le tribunal ne prend pas la peine d’examiner le faisceau d’indices» soumis par la société, a-t-il ajouté, selon la presse française qui rapporte l’information. Il a indiqué étudier l’opportunité de faire appel.
L’Express, qui a fait éclater l’affaire, avait expliqué, mardi, que le requérant ne possédait effectivement pas de contrat pour prouver que la commande avait été émise par le prince mais qu’en revanche il avait «des e-mails d’échanges entre le gérant de la société Atyla et celui qui se présentait comme l’assistant personnel de Saoud Al-Fayçal». «Dans ces courriers électroniques étaient détaillés des scénarios de films ‘’osés’’ – notamment une ‘’adaptation inversée de ce qui se serait passé dans la chambre d’hôtel de Dominique Strauss-Kahn’’ – et des besoins techniques concernant des tournages. Ils mentionnaient également l’état de santé de sa majesté et ses volontés pour les scripts des films», ajoute L’Express.
«Aucun élément de ces e-mails ne permet d’établir ou de prouver que les destinataires ou émetteurs font partie de l’entourage du prince ou de la famille royale», avait, pour sa part, clamé l’avocat de la famille de Saoud Al-Fayçal. Et à la lumière de tous ces éléments, la question que tout le monde se pose maintenant est de savoir si la justice française n’a pas réellement rendu, pour des raisons faciles à deviner, un verdict politique dans cette affaire qui a scandalisé l’opinion.
S. S.
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