Quarante autres jours de suspense : y aura-t-il un 5e mandat ou non ?
Par Hani Abdi – Après plusieurs mois de doute et de suspense savamment entretenus par les relais du pouvoir, le corps électoral a été convoqué par le président de la République conformément aux dispositions constitutionnelles. Rien donc de bouleversant pour la vie politique nationale qui s’enfonce dans le statu quo au fur et à mesure que la présidentielle approche.
La présidentielle se tiendra dans les délais, comme l’avait assuré le Premier-ministre en novembre 2018. Les scénarios échafaudés par des cercles d’intérêts qui cherchent à se placer sur l’échiquier politique sont à cataloguer dans le registre de la mauvaise fiction. La convocation du corps électoral est pour le pouvoir la preuve matérielle d’un pays stable. Pour les observateurs, c’est le signe d’un pouvoir décidé à se maintenir coûte que coûte.
Si l’opposition ne cesse de prévenir contre les risques du maintien du statu quo, les dirigeants parlent de la poursuite de «l’œuvre exceptionnelle» du chef de l’Etat. Et si le président Bouteflika nous a habitués à n’exprimer ses intentions qu’à la dernière minute, beaucoup de signes indiquent qu’il briguera un nouveau mandat, en dépit de son état de santé. L’agitation, ces dernières semaines, de membres de l’Académie algérienne de la société civile, fer de lance des campagnes présidentielles du président Bouteflika, renseigne sur l’éventuelle candidature du président Bouteflika pour un nouveau mandat.
Il y a aussi l’accalmie entre les différents compartiments du pouvoir qui ne se livrent plus de guerre à distance. Ils semblent avoir reçu des consignes pour «resserrer» les rangs le temps de la campagne présidentielle. Le régime a l’habitude de rappeler ses «troupes» où elles se trouvent à la veille de l’échéance électorale afin qu’elles réaffirment leur «allégeance» au président Bouteflika et lui fasse campagne. C’est suivant cette logique que Belkhadem et Ouyahia avaient été rappelés à la veille de la présidentielle de 2014 pour qu’ils fassent campagne en faveur de Bouteflika, alors qu’ils étaient isolés et écartés du champ politique l’année d’avant.
Autre signe : l’accélération des travaux d’achèvement d’infrastructures qu’on veut cataloguer parmi les plus grandes réalisations du chef de l’Etat, à savoir la nouvelle aérogare d’Alger et la Grande Mosquée d’Alger qui devraient être inaugurées officiellement bientôt.
Les avertissements de formations de l’opposition qui se noient dans leurs divisions et dans leurs luttes de leadership importent peu pour la classe dirigeante décidée à rester au pouvoir par et au nom du président Bouteflika.
Si la représentation du chef de l’Etat est très probable, c’est parce qu’il demeurerait le fédérateur de tous les cercles du pouvoir. Comme pour l’option de la prorogation du mandat, nous aurons une quarantaine de jours de suspense, puisque, dans les deux cas de figure, le président Bouteflika n’annoncera sa décision qu’à l’approche de l’expiration du délai de candidature. Un délai fixé par la Constitution dans son article 140 à 45 jours à partir de la date de la convocation du corps électoral. Bouteflika a encore jusqu’au au début du mois de mars pour faire part de ses intentions et déposer sa candidature ou annoncer son retrait.
H. A.
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