De débat à débâcle
Par Mrizek Sahraoui – Inévitablement. Allez, admettons, pour les besoins de notre propos, que la démarche du président français, Emmanuel Macron, par lucidité d’esprit, soit sincère et que l’unique but recherché de sa part soit de nature à (re)donner la parole aux citoyens de son pays et les faire participer à l’émergence d’une nouvelle dynamique socioéconomique prenant en compte les intérêts de tous. Faisons abstraction de la mainmise de l’Exécutif sur le cours de la concertation. Oublions les violences dont se seraient rendu coupables les forces de l’ordre et les diverses manipulations orchestrées jusqu’ici contre le mouvement des Gilets jaunes. Considérons, enfin, comme possible que ce débat ouvert après tout ce temps perdu débouche sur une réconciliation nationale, renouant les liens de confiance entre les gouvernants, les élus et les administrés, pour autant, après tous ces jeux d’esprit, il n’est pas du tout évident et dit que les solutions seraient trouvées, les revendications satisfaites.
Tenir compte de la parole du peuple est le propre même de la démocratie mais, dans le cas d’espèce, la France a besoin non pas d’un dialogue en longueur mais d’une forte croissance, la grande thématique problématique délibérément occultée et dont personne ne parle aujourd’hui, pour qu’Emmanuel Macron puisse redistribuer la richesse. Aux vraies questions posées, il faut juste de vraies réponses. Et rien d’autre.
Avec une croissance à 1,5%, un taux pronostiqué par la Banque de France pour 2019, mettant la France en queue de peloton à l’échelle européenne, face à une dette qui flirte avec les 100 % – des chiffres officiels –, Emmanuel Macron n’aura pas les coudées franches pour redonner du pouvoir d’achat aux Français, la pierre d’achoppement à partir de laquelle est né le mouvement des Gilets jaunes et qui ne manquera pas de compromettre tout ce qui serait construit au terme des différents rounds de discussions, ce «grand débat national» chanté sur tous les tons et à tous les timbres comme la solution miracle susceptible de régler tous les défis, en vérité des thérapies collectives qui ne serviront qu’à gagner du temps, le but inavoué du président Macron guilleret à chaque apparition devant les maires.
Alors, gageons qu’après le grand débat, la grande débâcle, car qui vend du vent récolte les Gilets jaunes.
M. S.
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