Un député français ancien membre du Front national menace Algeriepatriotique
Par M. Aït Amara – L’eurodéputé Aymeric Chauprade nous a fait parvenir une «mise en demeure» dans laquelle il nous enjoint de retirer un article qu’il juge diffamatoire à son encontre.
«Pa courrier, je tiens à vous exprimer mon indignation concernant votre article [intitulé] Quand M. Air Cocaïne Aymeric Chauprade encense le royaume du kif mis en ligne (…) sur votre média», écrit l’ancien proche collaborateur de Marine Le Pen dans un courrier portant l’en-tête du Parlement européen. «En effet, outre son caractère insultant, cet article dont l’auteur n’assume pas les propos (…) est également diffamatoire», ajoute le lobbyiste pro-marocain sur un ton péremptoire, en nous «ordonnant» de «retirer cet article sans délai».
Sur Twitter, le président des Français libres annonce qu’Algeriepatriotique «va faire l’objet d’une plainte en diffamation (…) pour diffusion de fausses informations. Car il y a une différence entre le débat d’idées, les visions géopolitiques divergentes et invention calomnieuse pure et simple».
Aymeric Chauprade n’explique cependant pas ce qui l’horripile dans notre argumentaire sur sa tribune relative à la question du Sahara Occidental qui doit, selon lui, aboutir à une «solution définitive». Par «solution définitive», l’eurodéputé entend évidemment le maintien de la colonisation du Sahara Occidental par le Maroc dont il défend les thèses bec et ongles. S’il ne s’agit que de cela, le porte-voix du régime monarchique de Rabat ne peut évidemment pas se prévaloir d’un quelconque droit de poursuites judiciaires, sachant que son pays, la France, ne tolère pas les atteintes à la liberté d’expression.
Toutefois, on pourrait déduire, à travers la tonalité de l’avertissement qui nous est adressé, que le nomade politique français n’a surtout pas aimé que nous rappelions l’affaire dite «Air Cocaïne» dans laquelle il a joué un rôle principal dans l’évasion des deux pilotes français emprisonnés. L’opération lui a valu un mandat d’arrêt international lancé par la République dominicaine où l’ex-frontiste et quelques-uns de ses acolytes se sont comportés comme leurs aïeux Massu et Bigeard dans l’Algérie d’avant-1962. Aymeric Chauprade a lui-même confirmé son intervention dans cette l’affaire de saisie de 700 kg de cocaïne à l’aéroport de Punta Cana, en République dominicaine, à bord d’un avion qui s’apprêtait à décoller pour le sud de la France.
Sur cette question, le vice-président d’Europe de la liberté et de la démocratie directe ne peut «épingler» Algeriepatriotique qui n’a fait que rappeler des faits avérés. Néanmoins, si cet islamophobe acquitté par la justice française, en dépit de ses propos haineux envers les musulmans, a été actionné par le Makhzen pour faire taire une voix algérienne qui donne des sueurs froides au régime colonial de Rabat dont il loue la «sincérité», alors nous ne cesserons de répéter inlassablement – dans les colonnes d’Algeriepatriotique comme devant le juge s’il le souhaite – que ses «boursouflures analytiques» ne résistent pas, pas plus que ne résistera le statu quo dans lequel se trouve la dernière colonie en Afrique.
M. A.-A.
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