Rapport accablant de la Ligue des droits de l’Homme sur la police française
Par Houari A. – La Ligue française des droits de l’Homme (LDH) a établi un rapport accablant contre les forces de maintien de l’ordre lors des manifestations des Gilets jaunes. Le rapport «d’observation sur les pratiques du maintien de l’ordre» note qu’«au fil des manifestations observées dans le cadre de ce rapport, entre le 15 décembre 2018 et le 15 janvier 2019, nous avons observé un maintien de l’ordre très agressif, avec un usage extrêmement important des lanceurs de balle, grenades à main et grenades lacrymogène instantanée». «Un tel niveau d’usage n’avait jamais été observé», notent les auteurs du rapport.
La LDH relève que les armes utilisées par les forces de sécurité sont cataloguées comme armes de guerre, soulignant que «les tirs de grenades et de lanceurs de balles sont de plus en plus souvent des tirs tendus», si bien qu’il y a «de nombreux blessés liés aux impacts de palets des grenades lacrymogènes ou à l’explosion des grenades à main». La Ligue des droits de l’Homme constate un «usage non justifié ou non proportionné et donc dangereux» de ces moyens de répression, «en méconnaissance» des instructions y afférentes.
Relevant des abus commis par des agents du maintien de l’ordre, la LDH dénonce des violences policières caractérisées par des «coups de matraque répétés dans les jambes et le dos», le recours au gaz lacrymogène «en spray dans les yeux à 20 cm», des «arrestations violentes malgré la dispersion des manifestants», des «jets de pavé» et des «violences sur des personnes au sol». Pour la LDH, ces faits sont caractéristiques d’un «manque de contrôle des forces de l’ordre» et de «comportements fautifs».
La Ligue française des droits de l’Homme pointe aussi du doigt des hôpitaux qui ont fait preuve d’un «traitement discriminatoire et défaillant aux urgences», en précisant que des manifestants blessés ont dû attendre sept longues heures avant d’être pris en charge. Par ailleurs, note le rapport, «plusieurs cas de personnes blessées, y compris sérieusement» ont refusé de se rendre à l’hôpital pour se faire soigner, «de crainte d’être fichées».
La LDH rappelle, enfin, que la Cour des comptes française a relevé dans un récent rapport que les dépenses en équipements et matériels des forces de police et de gendarmerie «ont progressé de 181% entre 2012 et 2017, passant ainsi de 132,4 millions d’euros à plus de 372».
H. A.
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