Mohamed Sidati : «L’UE a commis un crime contre les Sahraouis»
Le membre du secrétariat national du Front Polisario, ministre délégué pour l’Europe, Mohamed Sidati, a estimé que «l’odieuse campagne» orchestrée par la Commission européenne pour faire passer l’accord commercial de libre-échange avec l’occupant marocain, incluant illégalement le Sahara Occidental occupé, n’était rien d’autre que «le cautionnement d’un crime de pillage et d’un hold-up au sens propre du terme» contre un Etat membre de l’Union africaine (UA).
Dans une déclaration, jeudi, aux médias sahraouis repris par l’APS, Sidati a indiqué que la récente décision de la Commission européenne «est un acte d’agression contre un Etat membre de l’UA et de pillage des ressources du peuple sahraoui», relevant la grande contradiction au sein d’un ensemble de pays européens, qui ont participé, la semaine écoulée à Bruxelles, aux côtés de la République sahraouie à la dernière réunion ministérielle entre l’Union européenne (UE) et l’UA. Il s’est interrogé, à ce propos, comment la Commission européenne peut valider des accords si fragiles juridiquement, voire en totale contradiction avec la Cour de justice européenne de l’UE (CJUE).
Pour Sidati, cette insistance de la part de la Commission européenne constitue «un défi évident aux décisions de la CJUE et au droit international», ce qui la met, une fois encore, en position de contradiction avec les positions maintes fois exprimées par la responsable des Affaires étrangères de l’UE. Cela surtout, a-t-il précisé, quand elle évoque le soutien de l’UE aux efforts de l’envoyé onusien au Sahara Occidental, Horst Kohler, et au processus mené par l’Organisation des Nations unies (ONU), en vue de parvenir à une solution politique pacifique garantissant au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination.
Par ailleurs, le responsable sahraoui a tenu à rendre hommage au peuple sahraoui pour sa détermination à arracher ses droits légitimes garantis par le droit international et sa résilience face à toutes les manœuvres à travers lesquelles la Commission européenne et le Maroc visent à légitimer le pillage de ses ressources naturelles.
Le vote du Parlement européen est intervenu après un long processus de négociations entre l’UE et les autorités marocaines pour contourner la décision de la CJUE et se dérober à l’obligation d’obtenir l’accord du peuple sahraoui, tel que stipulé par les arrêts de cette dernière.
Le Parlement européen a validé un rapport «partial» approuvant l’accord UE-Maroc élaboré par l’ancienne rapporteur de la Commission du commerce international (Inta), Patricia Lalonde, contrainte à la démission en décembre 2014 après avoir fait l’objet d’une enquête suite à des informations faisant état de son implication avec d’autres députés européens dans une affaire de «conflit d’intérêt et d’infractions au code de conduite au PE», en sa qualité de membre, non déclaré, du conseil d’administration d’une fondation pro-marocaine EuromedA.
Le vote n’a pas été précédé d’un débat général au Parlement, et ce suite au rejet de la demande introduite par le groupe des Verts et l’Alliance des libéraux pour l’inscription d’un débat préalable au vote à l’ordre du jour de la séance plénière tenue le 14 janvier 2019.
R. I.
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