L’AACC dénonce le projet de loi de lutte contre la corruption
Par Hani Abdi − L’Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC) s’élève contre le projet de loi de lutte et de prévention contre la corruption, qui sera présenté ce mardi en plénière à l’APN. Cette association, dirigée par Djilali Hadjadj, qualifie de «coup de force», la soumission directe de ce projet aux députés, sans débat. L’AACC dénonce la volonté de le faire passer «en catimini», en pleine campagne présidentielle.
Cette association, qui suit de très près l’évolution de l’indice de corruption en Algérie, table sur l’adoption rapide de ce texte de loi avant la fin de cette semaine, avec une plénière vide pour des raisons électoralistes. «Le projet sera aussi vite liquidé par le Sénat», avertit-elle. Le projet de loi amendant la loi du 20 février 2006 de prévention et de lutte contre la corruption a été adopté par le Conseil des ministres le 27 décembre 2018, puis déposé à l’APN quelques jours plus tard, la première semaine de janvier 2019.
Selon l’AACC, la «Commission des affaires juridiques, administratives et des libertés de l’APN liquide ses auditions et ses consultations en 48 heures, les 21 et 22 janvier dernier, consultations limitées et restreintes où les représentants de la société civile n’ont pas été invités». Un traitement expéditif qui renseigne, selon l’AACC, sur l’absence d’une réelle volonté d’endiguer ce fléau qui ronge l’économie nationale.
Pour cette association, l’accélération de la programmation de ce projet de loi est liée à la prochaine venue des experts des Nations unies «pour évaluer l’Algérie par rapport à l’application de la Convention contre la corruption».
Il est à rappeler que l’Algérie n’enregistre pas une nette évolution dans la lutte contre la corruption, selon le rapport de l’ONG Transparency International (TI) en 2019. Ce rapport, rendu public il y a une semaine, fait état d’une relative stagnation en la matière. En effet, selon l’indice de perception de la corruption de TI, l’Algérie est classée à 105e place sur 180 pays. Le score obtenu par l’Algérie est de 3,5 sur 10. En 2017, l’Algérie avait obtenu un score de 3,3 sur 10 et a été classé à la 112e place, ce qui est loin de constituer une évolution appréciable. Le Maroc et la Tunisie sont mieux lotis ; ces deux pays se trouvent à la même place (73e) avec 4,3 sur 10 chacun. Même dans le monde arabe, l’Algérie est classée à la 10e place. En Afrique, elle est à la 18e place.
H. A.
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