Mercenariat
Par Sadek Sahraoui – Le débat prétendument de haut niveau initié, lundi, par le Conseil de sécurité de l’ONU sur les activités de mercenariat en Afrique centrale relève la suprême hypocrisie.
La majorité des membres de cette vénérable assemblée a traité de la question de long en large sans pour autant poser la question de savoir pour qui roule exactement la foultitude de mercenaires qui activent dans cette région.
Or, la question est cruciale. Les mercenaires n’existent que parce qu’il y a des gens qui les emploient ou qui font appel à leurs services. C’est élémentaire. Dans cette partie de l’Afrique comme dans beaucoup d’autres tout le monde sait que les mercenaires ou les «acteurs non étatiques», pour reprendre le jargon des politologues, ne sont généralement que les bras armés d’acteurs étatiques, autrement dit de pays. Des pays qui ne veulent pas apparaître au premier plan dans le cas de certains conflits.
L’exemple de la Centrafrique est à ce propos très édifiant. Tout le monde sait qui fait quoi et qui paye qui dans ce pays. A l’inverse, personne, pas même l’ONU ou l’Union africaine, n’a le courage de désigner les véritables coupables de l’instabilité chronique dans laquelle est plongée la République de la Centrafrique depuis maintenant de longues décennies. Entretenue sciemment, cette instabilité favorise bien évidemment le pillage des ressources minérales de cette très riche contrée africaine. C’est certainement l’objectif recherché.
Malheureusement, le débat du Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas voulu abordé la question sous cet angle. Et il est aisé de comprendre pourquoi.
Dans le cas de l’Afrique centrale, en particulier, et du continent africain, de manière générale, il est à craindre donc que les activités de mercenariat connaissent encore de beaux jours. La crainte est d’autant plus fondée que l’on assiste aujourd’hui à l’arrivée de nouveaux acteurs étatiques sur le continent qui veulent aussi leur part du gâteau. Il est certain qu’ils recourront eux aussi à des sous-traitants armés si leur quête d’enrichissement est contrariée. C’est malheureusement ça aussi l’Afrique.
S. S.
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