A chacun son rôle
Par Mrizek Sahraoui – Les grands groupes français de presse ne se sont pas fait prier. Ils ont été instruits de «travailler» l’opinion française de sorte à faire du grand débat national la solution miracle qu’aucun Président au monde n’a jamais osé envisager.
La suppression de trois taxes qui pesaient sur les chaînes de télévision et de radio en toute discrétion, le 27 novembre, c’est-à-dire au moment où la crise était à son comble, lorsque les Gilets jaunes se battaient contre les augmentations des taxes sur les carburants, vaut, comme à l’accoutumée, quelques entorses à la déontologie, des manquements devenus au fil de la protestation une habitude, et même une exigence, les intérêts et les enjeux primant sur tout sentiment et autre considération d’ordre moral.
Les rôles sont donc partagés entre les médias chargés de vendre de la parole au kilomètre, le reconnaît Le Monde Diplomatique, et les instituts de sondage qui viennent de rentrer dans le jeu après une longue hibernation. Hormis une ou deux enquêtes qui ont donné la mesure du désastre survenu à la suite de l’avènement du mouvement des Gilets jaunes, indiquant que le président Macron avait atteint le fond avec une cote de popularité qui, au fil des samedis, s’effrite et s’achemine vers un taux à un chiffre, les instituts de sondage se sont gardés d’en publier d’autres pour ne pas ajouter de la panique à la déprime.
Après des mois en situation d’attente, attendant le moment propice, tout à coup, ils annoncent une embellie à travers plusieurs études publiées au même temps. «+6 points : Emmanuel Macron retrouve la même popularité qu’avant la crise des Gilets jaunes», selon un sondage Ifop Fiducial, paru mardi, se sont félicités les éditorialistes des chaînes en contenu et les scribes des grands journaux, tous devenus dans les faits des agences de communication au service du Président et non moins porte-voix du Quai d’Orsay.
Le sondage indique que 34% des Français ont une opinion favorable du chef de l’Etat mais les médias censés relayer la totalité de l’étude se sont contentés uniquement de ce chiffre et ont occulté l’autre enseignement qui montre qu’Emmanuel Macron est toujours enferré jusqu’à la garde. En effet, «74% des sondés considèrent toujours que le Président est éloigné de leurs préoccupations» et que «67% désapprouvent sa politique économique», bien que Macron ait tenté une (re)connexion avec le peuple à travers des meetings qui durent des heures, non pas avec les vrais protagonistes mais avec des citoyens triés sur le volet.
Cela s’appelle le grand débat national, d’après Emmanuel Macron.
M. S.
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