Louh défie à nouveau Ouyahia et accuse des responsables sans les nommer
Par R. Mahmoudi – Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, est revenu à la charge, hier devant les députés, lors de la deuxième journée des débats sur le projet de loi relatif à la prévention et à la lutte contre la corruption, en accusant «des responsables et leurs enfants», sans en nommer aucun, d’avoir essayé d’accaparer des biens de l’Etat mais la justice les en a, selon lui, empêchés.
Le garde des Sceaux a fait état de «l’invalidation pure et simple de décisions de hauts responsables et de leurs enfants par la justice administrative car contraires à la loi et constituant une atteinte à l’Etat et ses biens». Et d’enchaîner : «Un haut responsable avait même limogé un cadre qui avait dénoncé la corruption, et n’eut été l’intervention des conseillers du Président, ce cadre n’aurait pas été réhabilité», a encore lâché Tayeb Louh.
Lors de la première journée, le ministre s’était laissé dire qu’«un sous-directeur paie plus d’impôts qu’un homme politique connu». Selon des comptes rendus de la presse écrite, Tayeb Louh s’est aussi attaqué à Ahmed Ouyahi et à son parti.
Interrogé sur les accusations émanant de certains partis sur le déroulement des dernières élections sénatoriales, le ministre de la Justice lancera : «Les tribunaux, l’Etat et l’autorité judiciaire ne sont la propriété ni du Premier ministre ni de qui que ce soit d’autre !» Et de renchérir : «Personne, quelle qu’elle soit, ne peut nous faire peur, ni nous entraver, parce que nous sommes animés d’une volonté politique inébranlable pour laquelle nous avons le soutien du peuple.»
C’est la deuxième fois que Tayeb Louh s’en prend publiquement au Premier ministre. En novembre dernier, à Oran, il avait reproché ainsi à son chef des manquements graves dont celui de n’avoir pas su appliquer les directives du président de la République concernant «les règles d’équité qui fondent la politique de l’Etat». Il a rendu hommage à la perspicacité du chef de l’Etat pour avoir décidé, en 2017, d’annuler les nouvelles taxes instituées par le gouvernement, dans la cadre de la loi de finances sur les documents biométriques.
Cette grave bravade du ministre de la Justice avait donné lieu, à cette époque, à des interrogations sur des pressions exercées par les décideurs pour imposer Louh à la place d’Ahmed Ouyahia. Mais si cela recommence dans une conjoncture aussi cruciale qui impose une plus grande cohésion au sein de la coalition gouvernementale, c’est un signe que les dissensions sont plus profondes qu’on le laisse croire.
R. M.
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