Ses plus grands projets bloqués : Mohammed Ben Salmane en disgrâce ?
Par Sadek Sahraoui – Depuis l’assassinat en octobre dernier du journaliste Jamal Khashoggi, tout va de travers pour le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane.
Le journal américain le Wall Street Journal rapporte dans son édition du 6 février que des responsables saoudiens tentent actuellement de freiner son projet de restructurer l’économie saoudienne, notamment l’introduction en Bourse (IPO) d’une partie du capital de Saudi Aramco et un investissement dans le service américain de réservation de voiture avec chauffeur, Uber. Toutes ces initiatives s’inscrivent dans le cadre de son programme de réformes Vision 2030 lancé en 2016.
La même source rappelle à ce propos que lorsque le puissant ministre de l’Energie, Khaled Al-Falah, avait rencontré Mohammed Ben Salmane fin 2016, il avait déjà l’intention de dissuader le fils du roi Salmane de toucher à Aramco, le joyau de la couronne saoudienne. Cela n’a pas fonctionné, ajoute le WSJ qui précise que Mohammed Ben Salmane avait alors ordonné à son ministre d’introduire le plus tôt possible Aramco en Bourse (IPO). Depuis, avance le WSJ, de nombreux bureaucrates tentent d’endiguer le programme de réformes mené par le prince héritier, par crainte de l’ampleur des conséquences et des risques qu’il représente pour le pays.
Initialement prévue en 2018, l’introduction en Bourse d’une partie d’Aramco est un des piliers de la stratégie de réforme pour diversifier l’économie saoudienne, jusqu’à aujourd’hui dépendante majoritairement de l’or noir. L’introduction en Bourse de 5% de la compagnie publique est «à 100%» dans l’intérêt du royaume saoudien. Elle aura lieu, «je pense fin 2020 ou début 2021», avait affirmé le prince héritier dans une interview publiée en novembre 2018 par l’agence Bloomberg. Le retard annoncé de la mise sur le marché des 5% d’Aramco est en réalité destiné à étouffer dans l’œuf et, au final, à annuler le projet, écrit le Wall Street Journal.
Le journal américain soutient également que le projet de Mohammed Ben Salmane de construire en Arabie Saoudite la plus grande centrale photovoltaïque au monde est tombé à l’eau. Elle devait être réalisée en partenariat avec la Softbank japonaise et devait développer 200 gigawatts crête (GWc) de capacités solaires et de système de stockage d’électricité d’ici à 2030. Un investissement de 200 milliards de dollars. Pour le journal américain, cette diversification annoncée du bouquet électrique saoudien restera un mirage du désert.
Le scepticisme des bureaucrates saoudiens a commencé en 2017 au moment même où les investissements étrangers commençaient à connaître leur plus faible niveau en quatorze ans. Les oppositions au sein du royaume au programme économique de Mohammed Ben Salmane ne sont peut-être pas encore toutes rendues publiques mais, ce qui est sûr, écrit le Wall Street Journal, c’est qu’elles ont sérieusement freiné son programme.
S. S.
Comment (14)