Pouvoir ou butin ?
Par Bachir Medjahed – Un constat qui ne doit pas passer inaperçu. A quoi imputer le fait que dans le cas du pouvoir, une coalition est possible alors que ce n’est pas le cas dans le camp de l’opposition ? Pourrait-on expliquer cela par le fait que la volonté de rester au pouvoir est plus forte que celle qui consiste à vouloir y accéder ? Pouvons-nous en conclure alors qu’il existe des raisons pour lesquelles le pouvoir est arraché ? Et comment celui-ci est devenu un butin suite à une guerre menée en 1962 et que l’opposition se trouve dans le cas des acteurs, à l’époque, qui s’étaient résignés car la force n’était pas de leur côté ?
Il s’en déduit ainsi que le candidat unique du pouvoir est fortement soutenu par le FLN et le RND, les deux premières forces du pays, alors qu’en face, tous les efforts à s’entendre sur un candidat unique n’ont pas abouti. Ils n’ont d’ailleurs jamais abouti. Il y a ainsi des partis qui ont vocation à être le pouvoir et des partis qui ont vocation à demeurer des parties d’une opposition stérile.
Pourquoi cette dispersion et, surtout, cette inhibition constatées dans le camp de l’opposition ? Quand on est dans l’opposition, l’émergence politique a un coût, à savoir qu’il faut chaque jour affronter les forces de l’ordre pour «sortir la tête de l’eau». Ce n’est pas facile, d’autant que la journée de manifestation, même si elle se termine par des blessés, ne se conclut pas par un dialogue. Et ainsi de suite à l’occasion de chaque élection. Les candidats dans l’opposition rééchelonnent leurs ambitions quinquennales et voient leur front se rider davantage. Lorsqu’on rééchelonne ainsi durant plus de deux décennies, on sort fatalement du champ.
Pour casser la cohérence dans le champ politique et détruire au sein de l’opposition toute démarche pouvant la mener à un consensus, même laborieux, en vue de soutenir un candidat unique, il suffit de manipuler les facteurs identitaires et d’ethniciser les relations intercommunautaires, ce à quoi s’est brillamment attelée la députée Naïma Salhi.
B. M.
Comment (7)