Saïd Sadi : «Je ne suis pas partie prenante de la mise en scène présidentielle»
Par Hani Abdi – L’ex-président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Saïd Sadi, annonce qu’il ne participe pas à la présidentielle du 18 avril prochain ni en tant que candidat ni en soutenant un autre. «L’auteur de ces lignes n’est ni candidat à quelque poste que ce soit ni partie prenante de l’une ou l’autre des mises en scène qui se profilent sous nos yeux depuis maintenant plusieurs semaines», souligne-t-il dans une contribution publiée sur sa page Facebook.
Saïd Sadi ne voit pas l’utilité de participer à l’échéance du 18 avril, qu’il qualifie d’«épiphénomène» : «Face à l’enjeu du destin national, l’échéance du 18 avril est, au fond, un épiphénomène. Ceux qui, ignorant les enseignements du passé, ont, malgré tout, voulu s’y engager vérifient quotidiennement, à leurs dépens, la vanité de disputer dans son antre la victoire à un spectre représenté par son image. Qu’ils se retirent au dernier moment ou qu’ils crient leur indignation le soir des résultats est, en vérité, anecdotique.» Pour lui, l’essentiel et l’urgence sont ailleurs.
Said Sadi poursuit en affirmant que le pays s’enfonce dans l’abîme et qu’il n’y a actuellement sur la table aucune solution viable pour le sauver. «Le pays est déserté par la conviction et le dévouement. L’engagement n’est consenti que s’il est suivi par un retour sur investissement rapide et vénal. L’Histoire longue est abolie. Tout se passe comme si, tétanisé et fasciné par son bourreau, le client politique, redoutant la responsabilité de la vie libre préfère la sécurité de son incarcération. Le positionnement politique est dicté par l’instinct de survie et l’esprit est bridé par l’instant sur lequel nul n’a la moindre prise», relève Saïd Sadi, qui ne croit ni aux réformes du Président malade ni à la capacité des présents dans cette présidentielle à faire bouger les choses dans le sens du changement espéré par des millions d’Algériens.
«Au lieu d’explorer les issues, de plus en plus étroites, qui pourraient encore s’ouvrir devant les bonnes volontés, les différents intervenants prétendent qu’en usant des mêmes procédures et en agissant dans les mêmes instances, ils pourraient contenir sinon bloquer une tectonique des plaques dont le mouvement éloigne inexorablement le citoyen du dirigeant. L’affaire est pourtant sérieuse car l’amplitude de la faille est désormais telle qu’elle menace l’ensemble du sous-continent nord-africain», regrette-t-il, tout en applaudissant la décision de deux partis de l’opposition, le RCD et le FFS «qui ont opposé, chacun à sa façon, un rejet catégorique à la présidentielle». Il estime que «dans cet Etat sans âme ni visage, quatre gredins, dont les bases militantes effectives ne recouvriraient même pas leur propre famille, sont affectés aux tâches ménagères, le temps de permettre aux mentors de préparer le décor, colmater leurs différends et, autant que faire se peut, lustrer le poster-candidat».
Saïd Sadi craint que la Kabyle, qui «fut jusque-là le meilleur laboratoire des initiatives et projections politiques innovantes du pays, se voit assignée une mission à contre-emploi». Pour lui, la Kabylie a longtemps servi de «condiment folklorique à la tambouille politique du pouvoir». Il évoque dans ce sillage Boumediène qui «a voulu museler la Kabylie» et Bouteflika qui «s’est donné comme objectif de la pervertir». Il appelle ainsi les Algériens à se regarder tels qu’ils sont, après avoir subi «tous ces affronts». «Nous n’avons d’autre choix que de nous repenser à travers de nouvelles valeurs et par des mécanismes opérationnels étrangers à la grammaire politique du système», conclut-il.
H. A.
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